Je vous aime, je vous déteste. Je vous prolonge. Je vous abolis. »
Quatre fois passera
Au plus près du cœur
La presse
Quatre femmes donc : la plus jeune en bas, qui se répète qu’elle est libre de faire tout ce qui lui plaît, s’ennuie, et déjà rage, tristement… Au milieu, la mère qui ne cessait de frotter et d’astiquer en attendant un mari qui repassait par là de temps à autre, quand il avait fini d’être un guignol. Au-dessus, la grand-mère qui, autrefois, choisit de mener une existence affranchie et se voulut libre de son corps par opposition à tout ce que celle qui lui a donné le jour (l’arrière-grand-mère par conséquent) respectait, vénérait : le sentiment, la famille, la morale… L’amour à contre-pied… Dès lors, va s’élever, en un chant alterné, le poème en prose que chacune de ces femmes vit ou vécut.
Puis au cours d’une deuxième séquence, elles vont nous annoncer tour à tour qu’elles ont vingt ans ; ce sera comme une confrontation plus accentuée de leur personnalité, de leur caractère, de leurs rêves, et déjà une opposition de générations, d’époques. Ni les souffrances ni les aspirations, ni les bonheurs ne sont pareils. Il y aura donc tout ce que chacune reproche à sa propre mère, à la femme qui l’a précédée et prétendu lui enseigner l’existence, la meilleure façon d’être ; ce qui assure généralement un échec. Enfin éclatera la révolte de la petite dernière, la moderne, qui s’en prendra à toutes à la fois, à toutes ces femmes qui l’habitent, l’occupent, la hantent, la marquent, l’étouffent.
Par les cies Le Manège des mondes et Bille en tête.
Dans Quatre à quatre, les quatre femmes accomplissent ce que l’on est censé faire en privé : parler d’amour, en confiance, en confidence, avec ses phrases qui trop souvent restent sur le bout de la langue. Ces quatre générations emboîtées de femmes, trop semblables pour se comprendre, déballent leurs rêves, leurs vies, se racontent leurs histoires d’amour, cherchant l’erreur, comme si finalement l’amour n’était qu’une vanité insensée et la lucidité une autre manière de mourir. On est toujours le fils ou la fille de quelqu'un. C'est ce que crie la pièce, avec une poésie inouïe.
À travers les générations, ces quatre femmes vont se détester et s'aimer : Anne, l'arrière-grand-mère, « la belle esclave pondeuse de mythes », Pauline, la grand-mère, la pécheresse par amour du péché, Céline, la mère, la blousée qui croyait « au bon dieu des ventres » et qui nous lacère quand elle dit de son homme, toujours absent : « Y m'a mis en amour/et il m'a pas aimée », Anouk, la fille, malade d’aimer mais qui continue obstinément à chercher le bonheur, Anouk qui n'en peut plus de sentir le poids de ses aînées dans ses tripes.
Sans l'ombre d'une coquetterie de style, Michel Garneau fait résonner pour nous les cris et les chuchotements de ces quatre pauvres vies rythmées par la harpe de la vie. Quatre à quatre déroule une prose au plus près du cœur, une écriture douce qui, subitement, nous transperce de tristesse.
La première lecture de la pièce de Michel Garneau est enchanteresse, on lit des mots dont on ne sait pas toujours très bien ce qu’ils signifient, on suit des personnages mais on ne sait pas très bien qui est la fille de qui et la mère de qui, on rie sous cape à une expression crue ou très imagée ; on est complètement dépaysé, emporté, bercé par la musique.
Et puis, on ne résiste pas à la deuxième lecture, et c’est la découverte des mots, ces mots qu’on devine nécessaires, ces interventions de femmes qui se racontent, ce besoin de se dire, de se dire enfin, de se confronter alors qu’elles ont vécu dans le silence. Alors maintenant elles ont la parole, et en usent avec bonheur, elles vont droit au cœur, là où il y a encore de l’amour à dire ou à souffrir.
Il n'y a pas une phrase qu'une femme n'a voulu dire, pas un mot qu'elle ne retrancherait, si près sont-ils de sa réalité. Michel Garneau trouve toujours le mot juste. Il dit ce qu'on ressent mais qu'on n'arrive pas toujours à dire. Lui, il les fait passer sur une musique magique.
Je vous salue, toutes les Marie pleines de traces ! Je pleure à cause de vous, grâce à vous. Ah ! Si on savait d'avance tout ce qu'on apprendrait ! Si on savait ce que c'est, l'espoir qu'on cherche.
Quatre à quatre est une fable douce-amère, historique, mythique et épique, où se rejoignent réalisme et poésie et où le temps est un hors-temps. Le temps que tous les temps se rencontrent, s'entrechoquent, s'harmonisent sans étouffer le silence. Temps psychologique, temps réel, temps subjectif, temps de l'horloge qui avance, le temps du monologue intérieur comme celui du discours poétique et le temps de la respiration ordinaire.
L’espace est celui d’Anouk, un espace mental d'abord. Des aires de jeu, du rien, de l'empathie. Pour figurer cet espace et ce temps, le décor et les lumières montrent un jardin métaphorique : jardin imaginé et secret, jardin des souvenirs, des vieilles odeurs, jardin-grenier, gardien de la mémoire, jardin du passé, nostalgique, mélancolique et irréel, jardin-hors lieu sur lequel la main de l’homme n’a pas de prise puisqu’il n’existe pas, hormis dans la tête d’Anouk. Quant à la mise en scène, son enjeu est de mettre en lumière cet écheveau de la réalité et du rêve sans jamais le rompre.
"Les quatre comédiennes ont le visage illuminé par la beauté de leur personnage, interprété avec force. La fille qui veut comprendre d’où elle vient et rompre avec ce passé, sa mère qui n’a fait qu’attendre un mari volage, la grand-mère qui a sombré dans l’alcool et l’arrière-grand-mère, enfermée dans ses « bondieuseries » : les quatre destins ne peuvent que laisser le spectateur songeur sur sa propre lignée." Flavie Novelli, Le Parisien, 16 octobre 2006
Quatre comédiennes frâiches et plein de talents. Un texte riche qui décrit subtilement les relations si particulières entre une mère et sa fille dans un dialogue inter-générations. Une mise en scène intelligente qui permet aux quatres héroïnes d'apporter leur touche à un portrait final qui ressemble à un jeu de miroirs où cependant chacune se contemple en pensant voir sa "chaire" maman. Bravo
Oui c'est un tres beau texte, bien mis en valeur par 4 comédiennes sensibles et adapté du québéquois à .. l'universel ! cette pièce parlera à tout le monde. Un tres bon moment. Du theatre qui fait réfléchir sans ennuyer .
Pour la première fois , je donne mon avis par rapport à une pièce que j'ai découverte grace au Parisien hier soir. De très jolies et fraiches comédiennes, un auteur qui sait faire parler les femmes mieux que les femmes ( peut-être grace à l'adaptation française par une femme), et des questions éternelles, 70 minutes bien agréables. Un conseil : n'y allez surtout pas en voiture , stationnement pourri qui vous pourirait la belle soirée !
la pièce vaut vraiment le detours, on a passé un moment trés agréable .
Quatre comédiennes frâiches et plein de talents. Un texte riche qui décrit subtilement les relations si particulières entre une mère et sa fille dans un dialogue inter-générations. Une mise en scène intelligente qui permet aux quatres héroïnes d'apporter leur touche à un portrait final qui ressemble à un jeu de miroirs où cependant chacune se contemple en pensant voir sa "chaire" maman. Bravo
Oui c'est un tres beau texte, bien mis en valeur par 4 comédiennes sensibles et adapté du québéquois à .. l'universel ! cette pièce parlera à tout le monde. Un tres bon moment. Du theatre qui fait réfléchir sans ennuyer .
Pour la première fois , je donne mon avis par rapport à une pièce que j'ai découverte grace au Parisien hier soir. De très jolies et fraiches comédiennes, un auteur qui sait faire parler les femmes mieux que les femmes ( peut-être grace à l'adaptation française par une femme), et des questions éternelles, 70 minutes bien agréables. Un conseil : n'y allez surtout pas en voiture , stationnement pourri qui vous pourirait la belle soirée !
la pièce vaut vraiment le detours, on a passé un moment trés agréable .
53, rue des Saules 75018 Paris