Edward Albee avait envisagé d'intituler la pièce exorcisme, c'est le titre du troisième et dernier acte de ce combat mythique, de la traversée ultime de ce couple aux tréfonds de ses enfers. Et la ligne de force, l'aboutissement de ce texte machiavéliquement charnel et intelligent, est pour moi son dénouement apaisé, libérateur. L'issue de cette corrida, les morts symboliques qu'elle engendre permet aux quatre personnages d'absorber de la vie. Même si c'est au prix de la vérité affrontée pour le jeune couple, même si c'est en payant la reconnaissance de la peur pour le couple mûr, meneur du jeu.
Le projet de mettre en scène Qui a peur de Virginia Woolf, m'a été proposé par Frédérique Lazarini et Stéphane Fiévet, prêts à empoigner les personnages de George et Martha.
Face à leur énergie flamboyante et sensible, j'ai eu la conviction qu'Agnès Miguras et Aurélien Chaussade incarneraient Honey et Nick dans un duo drôle et pathétique, à la fois miroir et contrepoint. Et j'éprouve un plaisir intense à plonger dans ce texte organique autant que cérébral. La pièce, remarquablement traduite récemment par Daniel Loayza de la dernière version retouchée par l'auteur, impose des pièges grisants.
Il y a comme un défi à relever, de naviguer entre des icebergs et des fonds secrets. Il faut effleurer parfois les cicatrices à vif ou arracher brutalement les pansements en disant «même pas mal», ne pas avoir peur de l'hystérie puisque le mot est prononcé, mais ne pas s'y complaire car l'objectif n'est pas là... Il s'agit dans la direction du jeu, de trouver le point d'équilibre entre l'assomption des éléments psychologiques et sociologiques qui sous-tendent l'action et la pure tension évènementielle qui conduit la dramaturgie de l'oeuvre.
La partition se joue comme un éclatement de plaques tectoniques.
Le contexte temporel des années soixante, l'esthétique réaliste du cadre moyen-bourgeois-universitaire américain tend la toile de fond d'une histoire universelle. La scénographie circulaire, les tentures et tissus évoquent l'étouffement, le feutrage, l'intime. L'essence même du spectacle se décline par le fil tendu sur lequel avancent comme sur une piste, les personnages. Les cahots, les chutes, l'odeur de sang, de sueur, de sexe, les vapeurs de l'alcool, et les accalmies provisoires rythment le parcours de ces animaux humains. Plus que la psyché, c'est le corps qui lâche ou qui retient, mais sans complaisance, à l'os, pour transmettre au public l'humour ravageur d'Albee au noyau de la tragédie existentielle qu'il nous offre.
Panchika Velez
De très bons acteurs au service d'une pièce qui n'a pas beaucoup de fond... Un couple se déchire sur fond d'alcoolisme et entraine dans sa chute un jeune couple... Pauvreté du texte...
Pour 1 Notes
De très bons acteurs au service d'une pièce qui n'a pas beaucoup de fond... Un couple se déchire sur fond d'alcoolisme et entraine dans sa chute un jeune couple... Pauvreté du texte...
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