Présentation
Sans vouloir vous froisser, y'a un truc qui m'chiffone…
A partir de 8 ans. Salengro, c'est d'abord une tête : deux oreilles légèrement décollées, un regard éberlué et une bouche à haut débit, le tout remarqué -et remarquable- au cinéma et à la télévision. Salengro, c'est aussi un corps : longue tige d'une rare souplesse qui fit le bonheur de créateurs de Grand Magasin à Philippe Decouflé. Autant dire qu'il était temps que Christophe Salengro, paré de tous ses artifices y mette le feu : ce sera chose faite avec "Repassage" "une histoire de boucle apparemment sans fin rythmée par les tambours de machines à laver". Notre homme de main nous fait une scène et convoque 5 quidams dans un pressing légèrement décalé pour lancer son programme couleurs qui a toutes les chances de nous en faire voir de belles. Car voici que "le mouvement perpétuel commence à bégayer, les machines s'affolent et débordent". Pas de poudre aux yeux pour autant, Christophe Salengro a préféré mettre son grain de folie dans cette petite entreprise de Repassage.
Onze heures quarante. Le gérant du pressing-laverie-LavotOmatic (Olivier Simola) observe par la porte vitrée de sa petite entreprise le temps qu'il fait dehors en sifflotant.
Les clients, une hôtesse de l'air jet-laguée en transit entre Caracas et Sidney, un VRP encombrant, une future mariée à côté de la plaque, un voisin aquariophile et somnambule - entrent, sortent, s'assoient, se relèvent aussitôt, vident une machine pour en remplir une autre, somnolent, ou s'activent en une chorégraphie apparemment sans but. Dans ce jeu de chaises musicales, tout semble à priori parfaitement normal.
Mais d'où vient alors cette impression persistante de déjà-vu qui finit par déteindre sur chacun des clients ? Cette sensation d'évoluer dans un aquarium ?
A midi l'électricité déraille et le mystère s'épaissit : l'envers du décor semble nous indiquer que chacun des protagonistes a un problème personnel avec le temps, l'espace, la logique et la pesanteur terrestre. Nos clients seraient-ils coincés dans une boucle spatio-temporelle, le mouvement perpétuel bégaye-t-il ou sommes-nous simplement en train de nous balader dans le rêve de l'un des quidams ?
Il y a le spectacle qui dure une heure, une horloge qui égrène à l'endroit et à l'envers. Les minutes et le temps élastique qui tourne comme le décor.
Le carrelage ressemble à un échiquier, les protagonistes se connaissent et s'oublient.
La musique semble sortir de la radio du lavomatic.
Mais aussi de la tête des clients.
Passez donc la tête et repassez…
Christophe Salengro
" C'étaient des rêves communs composés d'images déformées d'incidents vécus, images reconstituées à la manière onirique, un peu en dépit du bon sens. " Le Temps et le Rêve, John Dunne, Editions du Seuil, 1927
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