Après trente ans d’absence, de fuite pourrait-on dire, un homme renoue avec sa famille, d’origine modeste et provinciale. Père ouvrier violent, mère femme de ménage soumise, il aura fallu la mort du premier pour que notre homme retourne à Reims affronter ses démons. Il y retrouve sa mère qui semble ne pas avoir bougé depuis le départ inexpliqué de son fils.
D’un côté, une vie ouvrière immuable, une vie de province, besogneuse. De l’autre, cet homme qui a fait sa vie ailleurs, loin de ce déterminisme social qu’il a très vite rejeté, lui l’intellectuel, l’homosexuel, le polémiste parisien.
Retour à Reims, c’est aussi l’histoire émouvante de liens retissés, d’une filiation charnelle retrouvée, maintenant que le père est mort avec sa violence, son incompréhension radicale face à ce fils qu’il sentait si différent.
Laurent Hatat dirige subtilement les deux comédiens.Sylvie Debrun dégage une présence à la fois brutale et sèche avec d’émouvants moments de désarrois.
Antoine Mathieu,que vous aviez pu voir la saison dernière dans En attendant Godot, joue tout en sobriété et finesse ce fils révolté, qui ne peut en vouloir complètement à sa mère de ne pas avoir échappé à son destin.
La force de ce spectacle est de passer sensiblement de l’intime à l’universel, nous laissant terriblement songeur.
L’essai de Didier Eribon est publié aux Éditions Fayard.
« Une magistrale réussite qui se fonde sur la puissance de l'incarnation. À la conjonction de la pensée et de l'émotion, le théâtre révèle ici toute la densité et l'acuité de ce lien filial. » La Terrasse
« Une formidable interprétation de Sylvie Debrun et Antoine Mathieu - sociologique et politique. » Le Monde
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