Le poète mythique
Le spectacle
Note de mise en scène
Le destin de Rimbaud, ses ambitions, sa poésie, son brusque silence présentent un caractère si extraordinaire qu’il s’est formé autour de lui une légende, un véritable mythe. On a sollicité ses actes, ses paroles, ses écrits dans le sens les plus opposés : on l’a considéré comme une sorte de météore. Le souffle qu’il fait passer dans la poésie française est celui d’une jeunesse âpre, exigeante, exaltée : de l’adolescence on discerne chez lui les troubles, l’intransigeance, la soif d’absolu. Rimbaud est un révolutionnaire. Le renouvellement qu’il apporte à la poésie est d’une extrême importance.
Le poète doit chercher du nouveau et arriver à l’inconnu. Rimbaud veut « acquérir des pouvoirs surnaturels », atteindre « l’âme universelle ». La poésie doit devancer l’événement, c’est-à-dire être partie prenante dans la vie des hommes, elle doit ouvrir l’esprit au monde à venir, elle doit devenir relation directe et pure au génie créateur universel. Pour remplir cette mission, le poète doit se libérer : c’est l’encanaillement, le dérèglement de tous les sens, la voyance. Si cette aventure doit être fatale au voyant, peu importe : « Quand affolé, il finirait par perdre l’intelligence de ses visions, il les a vues ! ».
« Je fixais des vertiges ». Par un dérèglement systématique de ses sens, Rimbaud s’habitue à l’hallucination. On assiste alors à une transmutation des éléments mêmes du monde et de la pensée, où objets, impressions et rêves tourbillonnent dans une sorte de vertige : « je devins un opéra fabuleux ». Et pour fixer ces vertiges, Rimbaud se forge « un verbe poétique accessible à tous les sens », une langue « résumant tout, parfums, sons, couleurs ».
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe !
Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau !
Voyage, Baudelaire
C’est à l’occasion du 150ème anniversaire de la naissance d’Arthur Rimbaud en 2004, que la Compagnie Artemis a décidé de rendre hommage au prince des poètes en réunissant autour d’un spectacle les plus beaux écrits de celui que l’on appelait « l’homme aux semelles de vent », dont la liberté extrême et le génie hantent plus que jamais nos consciences et nos rêves adolescents.
Ce spectacle fait découvrir -ou redécouvrir- l’univers rimbaldien en choisissant un style résolument épuré et vivant, afin de favoriser l’accès au monde du poète, pour qui, la simplicité, la nature et la beauté étaient si chères. Notre volonté première est d’offrir au public une heure avec Rimbaud et de l’aider à entrer dans les méandres de la création poétique. Il nous a semblé passionnant d’éclairer les chemins intérieurs empruntés par le poète dans sa quête d’absolu.
Nous avons donc décidé d’avoir une démarche de simplicité et de vérité à tous les niveaux. La prose, extraite en grande partie de Une saison en enfer domine l’ensemble du spectacle. Elle est ponctuée par des poèmes souvent connus du public (Sensation, Ma bohême, Coeur volé, Ophélie, Le Bateau Ivre…). Le comédien Laurent Godet se livre, corps et âme et se fond dans la peau de Rimbaud pour lui redonner vie.
La mise en scène et la scénographie épurées, pour garder l’essentiel, dévoilent le cabinet de travail de Rimbaud et nous emmènent dans l’intimité de l’acte artistique. Les lumières reflètent les ambiances étranges et mystérieuses que dégage l’état du poète.
La musique est extraite des oeuvres de Olivier Messian, compositeur le plus à même d’accompagner l’univers rimbaldien. Ses mélodies, qui traduisent si bien la déchirure de l’âme blessée, en même temps que l’innocence d’un enfant, nous guident dans le monde inconnu de Rimbaud où se mêlent enfer et illumination.
Sur scène, le décor d’un cabinet de travail : des chaises, la table d’écriture, un guéridon… Cette véritable confession à coeur ouvert, nous ouvre les portes d’un monde fantasmagorique, celui du génie Rimbaud.
Poésie... théâtre... quand on y réfléchit... mariage pas forcément évident... risque de sombrer rapidement dans une certaine stérilité, nian-niantisme... Et pourtant, emporté par une fougue hors du commun, incarnant son personnage en allant jusqu'à une troublante ressemblance physique, Laurent Godet signe un one-man-show époustouflant. Le spectateur est frappé par le feu de la "Saison en Enfer", flotte comme dans un rêve éveillé aux côtés d'"Ophélie", et absorbe les longues goulées du "Bateau Ivre"... rythmé par une mise en scène sobre et redoutablement efficace. Un bel hommage en cette année du 150ème anniversaire de l'homme aux semelles de vent.
Poésie... théâtre... quand on y réfléchit... mariage pas forcément évident... risque de sombrer rapidement dans une certaine stérilité, nian-niantisme... Et pourtant, emporté par une fougue hors du commun, incarnant son personnage en allant jusqu'à une troublante ressemblance physique, Laurent Godet signe un one-man-show époustouflant. Le spectateur est frappé par le feu de la "Saison en Enfer", flotte comme dans un rêve éveillé aux côtés d'"Ophélie", et absorbe les longues goulées du "Bateau Ivre"... rythmé par une mise en scène sobre et redoutablement efficace. Un bel hommage en cette année du 150ème anniversaire de l'homme aux semelles de vent.
15, rue du Maine 75014 Paris