Une comédie d'Ingmar Bergman
En guise de préface
A propos de Carl Äkerblom
Ingmar Bergman (1918 Uppsala)
Tout l'univers du plus grand cinéaste suédois dans une fable théâtrale où le célèbre Oncle Carl si cher à la mémoire des spectateurs de Fanny et Alexandre, inventeur en 1925 d'un système de cinéma parlant, va, au cours de péripéties aussi drôlatiques que poétiques, réinventer le théâtre.
Le titre est pris dans Macbeth, acte V, scène V : " La vie n’est qu’un fantôme errant, un pauvre comédien qui s'agite et se pavane une heure sur scène et qu’ensuite on n’entend plus ; une histoire dite par un idiot, pleine de fracas, de fureur, et qui ne signifie rien. "
Traduction de la pièce par Carl-Gustaf Bjurström et L. Albertini-Guillevic (Editions Gallimard).
Une exposition Ingmar Bergman sera présentée dans le deuxième Foyer du théâtre.
Les textes de ce livre (entre autres : S’agite et se pavane) ont été écrits sans qu’il soit pensé à un médium éventuel lors de la représentation, un peu comme pour les sonates pour clavecin de Bach (la comparaison s’arrête là !). Ils peuvent être joués par un quatuor à cordes, un ensemble d’instruments à vent, à la guitare, à l’orgue ou au piano.
Je les ai écrits comme j’ai coutume d’écrire depuis plus de cinquante ans - cela semble être du théâtre, mais cela pourrait être tout aussi bien du cinéma, de la télévision ou une simple lecture. Après la répétition est devenu un film de télévision par hasard, tout comme fut représenté par hasard, sur scène Un dernier cri. Mon intention c’est aussi que S’agite et se pavane soit joué au théâtre.
S’agite et se pavane évoque mes infatigables compagnons : le théâtre, la scène, les comédiens et le cinéma, les cinémas, l’art, la technique du cinéma. Ils m’accompagnent depuis que j’ai construit mon premier théâtre de poupées, sous la table peinte en blanc de notre chambre d’enfants et depuis que, quelques années plus tard, je me suis retiré dans l’immense penderie avec ma petite machine en tôle et sa manivelle reliée à une roue dentée et une croix de Malte, sa lentille, sa lampe à pétrole et son bout de film sépia.
Avec les années, les circonstances et l’environnement sont devenus - comment dire ? - plus munificents, mais le sentiment, lui, est resté inchangé. Le sentiment ? La passion ? Le plaisir ? L’amour ? L’obsession ? Ca sonne bien fort, mais peut-être oui, quand même. L’obsession.
Ingmar Bergman
L’oncle Carl était assis sur le canapé vert de grand-mère et il se faisait gronder. C’était un grand homme gras, avec un haut front que, pour l’instant, des plis rendaient soucieux, un crâne chauve avec des taches brunes et, dans le cou, quelques mèches qui pendaient par-ci par-là. Ses oreilles poilues étaient rouges. Son ventre rond retombait pesamment sur ses cuisses, ses verres de lunettes étaient de plus en plus embués et cachaient son regard délicatement pervenche. Il serrait ses mains grasses et molles entre ses genoux.
J’étais assis par terre dans une pièce voisine. L’oncle Carl et moi, nous venions tout juste d’installer les rails pour le train que l’immensément riche tante Anna m’avait récemment donné pour Noël. Grand-mère avait tout à coup apparu sur le seuil de la porte et elle avait appelé l’oncle Carl d’un ton sec et froid. Il s’était levé en poussant un soupir, avait enfilé sa veste et arrangé son gilet sur son ventre. Ils s’étaient installés au salon. Grand-mère avait, il est vrai, fermé la porte, mais celle-ci s’était rouverte toute seule. Je pouvais tout suivre comme sur une scène de théâtre.
Grand-mère parlait et l’oncle Carl avançait ses grosses lèvres violacées. Sa grande tête s’enfonçait de plus en plus dans ses épaules. L’oncle Carl n’était en réalité qu’un demi oncle, puisque c’était le beau-fils aîné de grand-mère à peine plus jeune qu’elle.
Grand-mère était sa tutrice : il était faible d’esprit, incapable de s’occuper de lui. Il allait parfois à l’asile d’aliénés, mais la plupart du temps il prenait pension chez deux dames d’âge moyen qui le dorlotaient. Il était affectueux et câlin comme un gros chien, seulement cette fois il était allé trop loin : un matin il était sorti en courant de sa chambre, sans pantalon ni caleçon et il avait enlacé Tante Beda avec passion et l’avait couverte de baisers humides et de mots inconvenants. Tante Beda n’avait éprouvé aucune panique, elle avait posément pincé l’oncle Carl au bon endroit, juste là où le lui avait recommandé le docteur. Et puis elle avait appelé grand-mère au téléphone.
L’oncle Carl était en réalité un inventeur. Il faisait le siège du bureau des brevets avec ses projets et ses exposés, mais sans grand succès. Sur la centaine de demandes de brevets déposées, deux seulement avaient été acceptées : une machine à normaliser la taille des pommes de terre et une balayette automatique pour les W.C.
L’oncle Carl était excessivement soupçonneux. Il redoutait par-dessus tout que quelqu’un lui vole ses dernières inventions. Aussi les portait-il enveloppées dans une toile cirée entre son pantalon et son caleçon. La toile cirée pouvait avoir une certaine nécessité. L’oncle Carl, en effet, était urinomane. Parfois, surtout au cours de longues réunions, il lui arrivait de ne pas pouvoir résister à sa passion secrète. Il enlaçait le pied de la chaise avec sa jambe droite, se soulevait à moitié et laissait un doux flot qu’il sécrétait inonder son pantalon et son caleçon.
Ingmar Bergman
Une abondante littérature a été consacrée à Bergman cinéaste, mais Bergman essayiste, romancier ou dramaturge est difficile à apprécier en raison de la rareté des écrits accessibles.
N. T. Binh
Ingmar Bergman est-il un metteur en scène de cinéma qui fait du théâtre ou un metteur en scène de théâtre qui fait du cinéma ? Pour répondre à la question posée il y a quelques années par Pierre Marcabru :
Déjà, en 1960, la question « Préférez-vous le théâtre ou le cinéma ? » avait été posée. Et Bergman de répondre : « C’est très difficile à dire. Ce sont des formes d’expression à la fois très différentes et très proches l’une de l’autre. En un sens, cependant, je crois que je préfère le théâtre : on y domine mieux les impondérables de la mécanique. » Et en mars 1963, il confie : « Mon métier, c’est le théâtre. C’est au théâtre que j’ai connu ces amis : Strindberg, Macbeth, Faust, qui m’ont suivi et me suivront toute ma vie. Au théâtre, je traduis en chair, en songe et en matériaux visibles la vision d’un autre. C’est une des racines de ma création. De ces racines, un arbre croît : ce sont mes films (…). Je peux exister sans faire de films. Mais je ne peux pas exister sans faire de théâtre. »
Théâtre en Europe
Anita Björk, cette comédienne qui fut l’épouse de Stig Dagerman est, depuis plus de cinquante ans, membre de la troupe du Dramaten. Elle a joué les plus grands rôles. " De tous les metteurs en scène que j’ai connus Bergman est le seul qui sache aussi exactement ce qu’il veut. Lorsqu’il arrive aux répétitions, il a déjà énormément travaillé. Il ne dirige pas de la salle, il est sur le plateau. Quand il vous sent mal à l’aise, s’il soupçonne un blocage, il vous prend par la main et change son projet. Avec lui, vous avez l’impression de tout choisir, alors qu’il vous guide. Il trouve toujours les mots justes. " Anita Björk se souvient avec émotion de l’âge d’or où Bergman dirigea le Dramaten." Aujourd’hui encore, lorsqu’il est là, tout le théâtre le sent. Sa simple présence magnétise tout le monde, chacun donne le meilleur de lui-même. "
Le Nouvel Observateur
Quand Bergman dit "pour moi le cinéma est avant tout du théâtre", il ne fait que dire sa vérité. Il n’y a point ici de rupture, de divorce entre l’œuvre théâtrale et l’œuvre cinématographique. Elles découlent l’une de l’autre. Sur un plateau, Bergman dirige ses comédiens comme s’ils étaient sur une scène, et de ce jeu qu’il fragmente, il tire des images qui, elles, sont de cinéma. C’est un miroir éclaté. La matière brute, l’expression première restent théâtrales.
Ensuite, il invente, rêve et rythme. Il apporte sa magie. Il s’en explique fort bien, en confidence, dans Laterna magica (Gallimard). Sa troupe, qui l’accompagnera toute sa vie, est une troupe de théâtre, et qui a trouvé son style d’interprétation sur les planches, dans leur précarité, dans leur intimité. Tous, de Bibi Anderson à Max Von Sydow, viennent de ce lieu clos où la voix résonne. Et où l’étouffement bergmanien, ce resserrement sur soi, cette fermeture au monde, a pris forme. C’est dans cet espace circonscrit que Bergman aime à se retrouver seul avec lui-même. Comme aujourd’hui dans son île. De cette solitude, de ce retranchement, naît un monde.
Pierre Marcabru
insupportable ! j'ai assisté à la première et je ne crois pas avoir jamais autant détesté un spectacle ! planchon signe l'aveu de son impuissance ! il n'y a rien à voir, ni à entendre sur cette épouvantable scène de la comedia ! les comédiens sont plus approximatifs, la mise en scène d'un autre âge... je suis carrément sorti de la salle en colère ! plus jamais planchon ! à la retraite, le vieux !!!
Il s'agit bel et bien d'une oeuvre testament du grand créateur suédois. Je regrette que certains n'aient pas eu le courage de rester en deuxième partie. Quand le cinéma s'éteint et que le groupe réinvente le théâtre. Jackie Berroyer est prodigieux dans le personnage de Carl, très autobiographique puisqu'il s'agit de l'oncle de Bergman. Indéniablement c'est une oeuvre qui se mérite. Claire Borotra est lumineuse. La distribution de 18 acteurs, quel courage pour un théâtre privé, est de tout premier ordre. Bravo à tous.
Je suis également allée voir la première de cette pièce vendredi dernier, amoureuse de Bergman et Planchon oblige... Perso, je suis restée jusqu'à la fin et avec quel plaisir ! Les comédiens sont extras et interprètent des personnages hyper bien construits. Le décor est magnifique. La mise en scène est très inventive pour un texte qui est, c'est vrai, parfois un tout petit peu dur à comprendre. (Que celui qui traduit parfaitement le suédois leur jette la première pierre !) Je propose à chacun d'aller se faire son propre avis sur cette pièce pas comme les autres, c'est vrai, d'autant plus que comme l'a dit Paula, 16,50 € c'est pas énrome pour une première catégorie au COmédia !
Vu hier soir vendredi 8 octobre. Bien placé, choix des places à 1/2 tarif 16,5 euros première catégorie. Sinistre, incompréhensible, plutôt "osé" puis ennuyeux. On s'efforce d'y trouver de l'interet au début mais ca ne vient pas. Trés peu d'ambiance car salle magnifique au trois quart vide. Déception ++, pour moi et pour les bons acteurs qui y jouent. Sommes partis à l'entracte.
insupportable ! j'ai assisté à la première et je ne crois pas avoir jamais autant détesté un spectacle ! planchon signe l'aveu de son impuissance ! il n'y a rien à voir, ni à entendre sur cette épouvantable scène de la comedia ! les comédiens sont plus approximatifs, la mise en scène d'un autre âge... je suis carrément sorti de la salle en colère ! plus jamais planchon ! à la retraite, le vieux !!!
Il s'agit bel et bien d'une oeuvre testament du grand créateur suédois. Je regrette que certains n'aient pas eu le courage de rester en deuxième partie. Quand le cinéma s'éteint et que le groupe réinvente le théâtre. Jackie Berroyer est prodigieux dans le personnage de Carl, très autobiographique puisqu'il s'agit de l'oncle de Bergman. Indéniablement c'est une oeuvre qui se mérite. Claire Borotra est lumineuse. La distribution de 18 acteurs, quel courage pour un théâtre privé, est de tout premier ordre. Bravo à tous.
Je suis également allée voir la première de cette pièce vendredi dernier, amoureuse de Bergman et Planchon oblige... Perso, je suis restée jusqu'à la fin et avec quel plaisir ! Les comédiens sont extras et interprètent des personnages hyper bien construits. Le décor est magnifique. La mise en scène est très inventive pour un texte qui est, c'est vrai, parfois un tout petit peu dur à comprendre. (Que celui qui traduit parfaitement le suédois leur jette la première pierre !) Je propose à chacun d'aller se faire son propre avis sur cette pièce pas comme les autres, c'est vrai, d'autant plus que comme l'a dit Paula, 16,50 € c'est pas énrome pour une première catégorie au COmédia !
Vu hier soir vendredi 8 octobre. Bien placé, choix des places à 1/2 tarif 16,5 euros première catégorie. Sinistre, incompréhensible, plutôt "osé" puis ennuyeux. On s'efforce d'y trouver de l'interet au début mais ca ne vient pas. Trés peu d'ambiance car salle magnifique au trois quart vide. Déception ++, pour moi et pour les bons acteurs qui y jouent. Sommes partis à l'entracte.
4, boulevard de Strasbourg 75010 Paris