Un spectacle de marionnettes
Les personnages
L’adolescence en images
La presse
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Sara, une ado de quinze ans, mais c'est un drôle de gâteau qu'elle a devant elle, avec des fruits rouges... très rouges, comme ses souvenirs.
Sara qui pousse comme une ronce, « comme une plante verte qui s'entête sans que personne y fasse attention », entre son père, marchand d'oiseaux un peu magicien qui multiplie les coccinelles mais qui brille par son absence, et sa mère qui se fond dans la tapisserie. Sara qui trouve refuge auprès de son compagnon de frasques, un rat nommé Darwin...
Le Théâtre des Alberts se joue des voix et des ombres, des acteurs et des marionnettes et nous entraîne dans les ombres du trouble, dans la magie du rêve.
Sara, tour à tour féerique, magique, poétique. Sara mystérieuse, belle, un peu folle, cruelle. « Trop mortelle ! ».
Sara : (marionnette)
Personnage central, narratrice de l’histoire, jeune fille de 15 ans qui souffre de l’absence de son père et d’une certaine difficulté à communiquer avec sa mère. Elle se confie à son meilleur ami : son rat, et cultive une étrange fascination pour la mort ; c’est son vertige, sa manière à elle d’exister un peu mieux. Sara a son « castelet des suicides » comme d’autres filles pourraient avoir leur maison de poupées ; elle y orchestre ses propres morts. Elle tient une sorte de journal intime dans lequel elle inscrit ses projections fantasmées du père. Aujourd’hui c’est son anniversaire.
La mère : (comédienne)
Personnage « désincarné » suspendu aux souvenirs, paralysée par sa mémoire, incapable de réaction face à la démission du père, elle erre dans une non existence, visuellement, elle se fond dans la tapisserie. Elle n’est d’aucun secours pour Sara malgré ses tentatives pour communiquer.
Darwin : (marionnette)
Le rat apprivoisé de Sara, il est l’ami, le confident, le souffre douleur
Le père : (marionnette)
Ancien marchand d’oiseaux, il abandonne son métier, s’absente de son rôle de père et de mari pour se consacrer à sa passion (qui relève de la névrose) pour les oiseaux qu’il élève à l’étage de la maison familiale.
C’est le thème principal de Sakura, les vertiges d’une existence qui se construit malgré tout, malgré les manques, les déséquilibres, les frustrations et les mauvaises donnes.
Le spectacle ne se veut pas un témoignage social de cette période de la vie ou du malaise adolescent, il est plutôt axé sur les moyens mis en oeuvre par l’adolescente pour surmonter le réel : l’imaginaire, le jeu, l’univers fantasmagorique que Sara déploie pour surmonter et dire ses blessures mais aussi et surtout cette aptitude à réagir, à dire non, à nourrir par tous les moyens l’énergie vitale de la rébellion qui la relie bel et bien à la vie et au réel. Contrairement à la mère qui, elle, se conforme aux évènements, vit dans le souvenir, se fond dans le décor, subit sans réagir et se résigne pour vivre dans une aliénation d’elle-même.
Dans la pièce, Sara se fait fil rouge de l’histoire en tant que narratrice. Sa narration est ponctuée de flash-back, de projections fantasmagoriques où la réalité est en état de fermentation incessante et prend certaines formes, par jeu, par plaisanterie mais aussi par nécessité. C’est une langue visuelle qui se substitue au verbe, c’est la grammaire de l’image qui constitue donc l’essentiel de la dramaturgie de Sakura, et bien plus que par le texte, l’univers intérieur de Sara s’inscrit dans la force évocatrice de ces images.
« La marionnette est un modèle de l’homme en mouvement » E. G. Craig
Dans Sakura, les marionnettes de Sara, du père et du rat sont d’un type réaliste. Elles sont faites principalement de mousse, de tiges métalliques, les visages et les mains sont en latex. Elles sont élaborées au fur et à mesure de la création dans un aller retour incessant entre l’atelier de fabrication et le plateau, tributaires des contraintes techniques qu’implique leur manipulation mais aussi des caractéristiques qui émergent au fur et à mesure que se précise la dramaturgie. Elles sont manipulées à vue par les acteurs.
Nous avons voulu éclater l’espace de jeu, sortir les marionnettes du traditionnel castelet ou table de jeu. Il est donc constitué de plusieurs éléments scénographiques, autant de supports de jeu pour la marionnette: table, canapé, porte manteau ou voir même dans l’espace, défiant les lois de l’apesanteur ; c’est en effet un possible que peut se permettre la marionnette.
De part sa nature d’objet, la marionnette nous permet en effet d’imaginer et de mettre en place des situations de jeu complètement fantaisistes que des acteurs de chair et d’os ne pourraient exécuter. Aussi par la distance que matérialisent les marionnettes, certaines thématiques comme la mort, le suicide, peuvent être traitées de manière moins chargée, coupées d’un pathos parfois lourd à jouer pour un acteur et difficile à regarder pour un spectateur.
Jeu d’acteurs et vidéos viennent élargir le champ de ce théâtre visuel et s’inscrivent dans une prolongation, un contre point ou un échange avec le jeu marionnettique.
« poétique fable sur l 'acceptation portant un regard juste et délicat sur l'adolescence » (Mouvement. Juin 2009. Julie Bordenave)
« Cette facilité à basculer de la voix-off au son direct, du rêve à la réalité, du silence au chaos, cette propension à manier le flash-back, la superposition des temps, le trompe l'oeil, est assez époustouflante.... (...) Chapeau bas. » (Le Quotidien. Mai 2009. Laurent Bouvier)
Parc de la Villette 75019 Paris