Résumé de la pièce
Note de mise en scène
La presse
Dans le cadre des 18èmes rencontres Charles Dullin.
Le Rouquin s'est tué au retour de la guerre de Corée. Désemparée, sa famille et sa jeune veuve s'interrogent sur le sens de son geste et se disputent sa mémoire. Mais voici que son fantôme apparaît, querelle les vivants et les empêche de s'arranger avec sa mort. Surgissant devant le rideau de scène, le père jusqu'ici silencieux et alcoolique, annonce joyeusement au public que l'Amérique, de nouveau, mobilise. Les petites chamailleries domestiques vont pouvoir s'effacer devant la grande histoire : limminence de la guerre du Viêt-nam va précipiter la destinée des adolescents.
" Librement inspirée de loeuvre du romancier américain Salinger, Sallinger (avec deux " l ") est une des premières pièces de Bernard-Marie Koltés. La scène se passe dans les années soixante en Amérique. Elle a la forme dun ring et met en scène un affrontement dont lenjeu est un mort. Dun côté, une famille disloquée par le suicide énigmatique de lun des siens : un fils, un grand frère prodige, admiré pour son intelligence et son aptitude à poser sur les choses un regard singulier qui dérange lordre établi. Ce fils, ce frère, est désigné tout au long de la pièce par son surnom " le Rouquin ", couleur qui témoigne de sa singularité. De lautre côté, une jeune femme, dorigine sociale modeste, veuve du Rouquin ; elle dispute à cette famille détestée le droit de sapproprier la " mémoire " du défunt. Instants partagés, souvenirs des hallucinations du Rouquin au retour de la guerre, on comprend que son savoir est aussi intime quineffable. Pourtant " Moi seule sait ", affirme-t-elle en se campant fièrement sur le tombeau de son mari, " qui il était, et pourquoi il sest tué ! ". Comme dans une tragédie, chaque camp cherche à sapproprier la mémoire du mort. Chaque personnage veut trouver, venu de lau-delà, un signe qui donnera sens à son existence. Or, voici que le mort répond à linvitation qui lui est faite dapparaître. Mais il se tient mal pour un fantôme ; il insulte les vivants, dit des gros mots, népargne personne et renvoie durement chacun à sa propre histoire entendant bien échapper à toute récupération posthume, comme, de son vivant, il a su fuir tous les conformismes de pensée. La pièce pourrait sarrêter là et sintituler " petits arrangements avec les morts ". Sa structure est classique, parodique, histoires de famille, dialogues entre des personnages et des " confidents " qui refusent leur statut de personnages secondaires. Or voici que Koltès fait intervenir un événement considérable, un grand " fantôme " qui redistribue les cartes et contraint chacun à choisir son destin. Ce grand " fantôme ", qui dans lhistoire revient de façon périodique réveiller les vivants, cest la guerre en loccurrence, la Guerre du Viêt-nam. Les différences sociales sont nivelées dun coup par la conscription, limminence du danger, les petites histoires individuelles apparaissent dérisoires. Seul le père, ancien militaire, mutique et alcoolique, exulte soudain : " on y retourne : jose dire que cest tant mieux, tout va si mal ici, tout est si divisé ". Sallinger est une pièce de jeunesse de Koltès, curieusement construite et jusquici peu jouée. La langue est à la fois familière et sauvage, simple voire triviale, traversée par des éclats poétiques somptueux. Elle est datée, lAmérique des années Nixon, et en même temps totalement actuelle : elle évoque toutes les guerres coloniales, elle parle de la dérive des jeunes dans des villes anonymes et dangereuses mais aussi pleines dattraits et de promesses. Cest une pièce hantée par de grandes figures : Salinger, lauteur emblème dun certain romantisme américain, Rimbaud, " lhomme aux semelles de vent " qui rompt avec la poésie comme le Rouquin refuse son destin décrivain, et naturellement Koltès lui-même qui disait que " la vie ne lui convenait pas, que ce nétait pas grand chose ". " Cest pour cela, ajoutait-il, que le théâtre cest bien ".
Jean Deloche
Metteur en scène
" (...) Le travail de Jean Deloche qui signe sa onzième mise en scène depuis la création de cette compagnie à Reims conforte le climat daustérité en exploitant lespace théâtral comme l vision vertigineuse du ballet tourmenté des âmes. En dirigeant ses huit acteurs et en portant au paroxysme les sentiments quils expriment, il a insufflé dans leurs paroles ce goût de fiel qui longtemps, une fois les lumières éteintes, nous hante(...) "
Fabrice Littamé
LUnion, 28/2/99
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