Shitz

“La guerre se termine,
Le mari ne revient pas,
Toute seule dans la cuisine,
Avec des larmes au coca comme breuvage
La femme se prépare un toast au fromage
Qui a une odeur de charogne ”

Montée en 1975 en réaction à la guerre du Kippour (1973), Shitz revêt la forme de la comédie familiale, genre dans lequel Hanokh Levin est passé maître. Cette farce grotesque, “pièce musicale” en deux actes, vingt-neuf scènes et dix-sept chansons, retrace la résistible ascension de Peltz, un arriviste qui pense pouvoir s’enrichir grâce à la guerre.

L’action se déroule au sein d’une famille, microcosme de la société tout entière. Peltz épouse la fille, met la main sur l’entreprise du père - une société de travaux publics - et la fait fructifier en creusant des tranchées pour l’armée, jusqu’au jour où il est lui-même envoyé au front et... meurt. En mettant en scène des profiteurs qui considèrent la guerre comme un mal nécessaire, exploitent sans vergogne la main-d’oeuvre bon marché des Territoires occupés et corrompent tous les systèmes dans lesquels ils pénètrent, Shitz met le doigt sur une profonde mutation de la société israélienne.

L’auteur israélien Hanokh Levin, décédé en 1999, est une figure majeure du théâtre israélien contemporain. On lui doit une cinquantaine de pièces, dont Yaacobi et Leidenthal, Kroum l’ectoplasme, Meurtre, l’Enfant rêve... Consacré par les prix israéliens les plus prestigieux, il affirme ses opinions à travers des textes écrits au vitriol, ce qui vaudra à sa pièce Le Patriote d’être retirée de l’affiche en 1982. Auteur de textes politiques, de comédies peignant la nature humaine dans ce qu’elle a de plus tragique, de plus cruelle et de plus drôle, Hanokh Levin écrit des pièces dont les héros ont l’humanité entêtée, âpre, mauvaise, mais si naïve que nous nous y retrouvons tous.

Le texte de la pièce est publié aux Editions Théâtrales. Traduction Laurence Sendrowicz.
Musique originale Lyonnel Borel.
Avec les musiciens Elena LLoria Abascal, Vincent Lecrocq et Damien Roche.