Mettre en scène et interpréter Simplement compliqué de Thomas Bernhard est pour moi une manière d'interroger une fois encore le théâtre et le sens que j'ai donné à ma vie en m'y consacrant tout entier. Il y a dans ma rencontre avec l'oeuvre de Thomas Bernhard et ce texte en particulier, quelque chose de profondément troublant. En effet, je me retrouve et dans l'écrivain lui-même et dans le personnage qui parle dans Simplement compliqué. Ce que je vais tenter de mettre en scène, d'incarner, c'est ce parallèle entre une vie d'acteur et moi. Je dirai que je connais, pour l'avoir vécue, enfant, cette précarité financière, émotionnelle, corporelle qui est celle du personnage désigné comme « lui », « vieil acteur », et qui est celle de Thomas Bernhard. Enfant, j'étais hyper nerveux et tout me bouleversait d'une manière démesurée. La moindre chose, le moindre fait : une fourmi morte et j'étais malade trois jours durant. Et bien cette hyper-sensibilité je la retrouve dans ce qu'écrit Thomas Bernhard et dans ce que dit le personnage.
Lorsque l'on prétend jouer cela en scène, il faut trouver en soi la force... de ne pas faire de théâtre. Ici, je ne peux m'adresser qu'à moi-même. La présence de la petite Catherine est un leurre. C'est toujours à lui-même qu'il parle. Il se parle. Bien sûr, dans la mise en scène, qui est très simple et obéit strictement aux indications qui naissent du texte lui-même, il y aura Catherine, 9 ans. Aujourd'hui, alors que j'essaie d'expliquer ce que j'imagine, je me dis qu'il me faudrait six mois de travail de plus. Nous sommes en juin 2009 ; je comprends peu à peu Simplement compliqué.
Georges Wilson
Traduction de Michel Nebenzahl, chez L'Arche éditeur.
37 bis, bd de la Chapelle 75010 Paris