Les hommes entre eux
Note d'intention de l'auteur-metteur en scène
Arkhangelsk, dans quelques années, la résidence 322B à été bien secouée, la mort d’un proche, l’extinction du soleil, la police, l’armée, les émeutiers. Puisqu’il faut s’aimer, plutôt que de se lamenter, on va fêter !
Si tous les Hommes du monde se prenaient la main… On n’en serait pas là. C’est parce que les Hommes sont incapables de se contenter d’une main, c’est parce qu’ils veulent sentir les corps, les poings, les âmes, qu’ils s’affrontent, se battent, s’engueulent, se saoulent. C’est parce qu’ils ne se résignent pas à lâcher la main qu’on leur tend, qu’ils peuvent faire tout et n’importe quoi. On serait prêt à éteindre le soleil, si c’était dans notre intérêt.
Soleil noir, c’est le cœur dans toute sa démesure, c’est l’armée qui chante une chanson d’amour le fusil à la main, c’est l’autre qu’on a envie de mettre en morceau, tellement on l’aime, ce sont les petites rébellions mal placées et les révolutions qui dégénèrent.
Soleil noir, c’est le poids de la communauté, sa capacité à engendrer les rêves les plus incroyables comme les pires cauchemars. Quand la poésie flirte avec la trivialité, le ridicule devient touchant, la raison tragique, et la méchanceté risible.
Ce que nous voulons c’est partager cette sensation de faire partie d’un tout, d’un chaos désorganisé où tout est possible, le pire comme le meilleur, cette sensation que l’on peut influer sur ce dernier.
Raconter l’histoire d’une communauté, c’est raconter les hommes entre eux, leurs petites vilenies et leur grande beauté, cette incroyable capacité de l’esprit à repousser les limites du savoir le plus précieux, comme celle de la bêtise la plus affligeante. Donner envie de rire, de se prendre dans les bras ou de se mettre sur la gueule. Après tout, vivre en communauté…
Nous avions en tête un drame terrible, la mort de tous ceux que nous aimions l’extinction du soleil la fin du monde, et nous ne pouvions nous empêcher de rire. Si cela devait arriver que ferions-nous ?
On continuerait à faire comme d’habitude, comme si de rien n’était. Peut-être même ferions-nous pire que d’habitude on s’aimerait plus fort, on s’engueulerait plus fort, et la pensée serait un acte de pure folie.
Foncer dans la mort, dans la vie, dans l’amour, dans le rire. C’est de cette course qu’est née soleil noir, de l’envie de partager avec humour, avec douceur nos peurs les plus ancestrales et nos angoisses les plus quotidiennes. Une folie douce ou l’amertume s’efface au profit d’une tendre dérision.
Arny Berry
2, passage du Bureau 75011 Paris