Toujours ensemble

Tout public à partir de 12 ans.

Résumé
Le choix du texte
Note du metteur en scène

• Résumé

Elles s’appellent Alexandra et Ioana. Elles sont sœurs mais nées derrière le rideau de fer. Dix-sept ans de complicité de fous rires et de rêves d’adolescentes puis… l’une choisit « la liberté ». L’une s’est exilée, l’autre pas…

Suivent dix-huit ans de séparation imposée. Le temps, l’oubli, les petites trahisons, les grandes… Des pans de vie se dressent entre les deux sœurs et leur destin ne se ressemble plus du tout. Quoique…

• Le choix du texte

Rares sont les auteurs, tels que Anca Visdéi, qui offrent des rôles aussi denses. C’est la raison pour laquelle les comédiennes ont choisi Toujours Ensemble, pièce qui nous emmène avec humour et sensibilité au cœur de la tragédie roumaine.

D’emblée, Toujours Ensemble apparaît comme une pièce historique, une pièce de résistance, dénonciatrice du régime dictatorial de Ceausescu. Les deux personnages ont l’âge des actrices (ou à peine moins) au début de la pièce. L’une est comédienne et l’autre écrivain. Chez chacune on retrouve les préoccupations communes à toutes les femmes mais surtout on partage leur combat pour la liberté.

L’humour qui se dégage de la pièce donne aux personnages une dimension tragi-comique et offre une forme de résistance face à l’intolérable.

De plus, la poésie du texte de Shakespeare qui accompagne le spectateur tout au long de la pièce est un élément aussi décisif dans le choix du texte. Des protagonistes qui sont le jouet des Dieux… Ne peut-on pas y voir un parallèle avec la tragédie vécue par les deux femmes ?

Les comédiennes ont été également séduites par la relation intense entre les deux sœurs, à la fois tendre et sincère qui finira dans la trahison et le mensonge.

Enfin, la forme littéraire originale et fluide de la pièce, mélange de dialogues et de monologues épistolaires entrecroisés, miroirs de leurs interrogations et de leurs angoisses respectives, emmène le spectateur dans un tourbillon, de rires et de larmes.

Haut de page

• Note du metteur en scène

L’enjeu dans cette aventure artistique fut de mettre en scène un texte essentiellement basé sur une relation épistolaire entre deux personnages. Face à la distance géographique, face au rideau de fer qui les sépare l’une de l’autre et les place dans deux mondes opposés, face à cette impossibilité pour elles de se voir, de se parler et malgré l’omniprésence de la sécuritate, les deux sœurs s’écrivent envers et contre tout. Rien ne peut empêcher les cœurs et les esprits, en dépit du chaos politique, de se rejoindre et de s'aimer. L’écriture retrouve ici sa fonction essentielle, elle libère les âmes et soulage les esprits.

Seules face à elles-mêmes et face à la vie, ces deux solitudes vont confronter leur vécu au jour le jour, créant un dialogue à distance, où même le silence prolongé d’Alexandra sur plusieurs années prend part à cet échange vivant. Au fil des jours, des mois, des années, les deux jeunes femmes partagent dans leurs lettres, leurs révoltes, leur douleur, leurs interrogations mais aussi leurs délires, leurs joies et leur profonde tendresse l’une pour l’autre.

La correspondance entre les deux sœurs n’empêche pas l’action dramatique d’opérer et de progresser. Aussi la mise en espace consista-t-elle à mêler les deux univers sur le plateau pour mieux les distinguer par l’interprétation des actrices. Dans les cœurs et les esprits, il n’y a pas de camps, pas de frontières. Le plateau devient l’unique socle du lien affectif, indéfectible et immuable, unissant les deux personnages. L’unité d’espace scénique donne à la pièce un aspect poétique et onirique, en lui donnant son énergie et sa fraîcheur.

A contrario si les deux personnages s’aiment de la même façon malgré le mur qui les sépare, elles suivent ou subissent, chacune dans leur contexte social et politique, l’évolution des mœurs et des modes. En effet, si il n’y a pas de camps, il y a bien, en toile de fond de leur correspondance, deux mondes qui s’affrontent tout en s’ignorant.

C’est avec pour toile de fond ce contraste culturel et politique que les deux femmes évolueront. C’est aussi, avec en filigrane, cette contradiction sociale qu’elles seront susceptibles de mettre en danger leur relation privilégiée. Ceci même, alors que la cause de la rupture momentanée n’a pas de raison morale ou politique mais amoureuse. Néanmoins, le régime Ceausescu est à l’origine de l’exil de l’aînée des deux sœurs et de leur séparation forcée.

L’expatriation est la solution pour l’une ; pour l’autre, le choix c’est de rester. Le combat pour la liberté est inhérent à chaque homme. C’est dans l’adversité que tout individu est confronté à ses propres limites, à son courage et à ses lâchetés. Ici, les question posées sont : face à l’oppression suis-je courageux de partir ? Suis-je lâche de rester ? et vice-versa. Cependant, l’espoir résiste, la peur ne dure qu’un temps, et les hommes, las du joug tyrannique et menés par leur instinct de survie, parviennent, un beau jour, à faire chuter le régime et son dictateur.

L’auteur, au travers de son vécu, retrace 20 ans d’histoire contemporaine de l’Europe, et c’est avec beaucoup de dignité, d’humilité, de pudeur, d’humour et de tendresse qu’elle lève un voile sur son intimité. C’est de là que se dégage du texte toute l’émotion et la justesse du drame de l’expatriation et du déracinement. Toujours Ensemble est un hommage rendu à l’humain, un hymne vibrant à l’art et à la liberté.

Haut de page