Spectacle en espagnol (Uruguay), surtitré en français.
Il y a ceux qui pensent que le temps répare tout, calme les eaux, résout les problèmes. Mais si le temps produisait l’effet inverse ? EX est l’histoire d’une jeune fille habitée par une souffrance qui grandit avec le temps, une nécessité qui s’approfondit au fil des jours et un problème qui explose à la figure de tous ceux qui ne veulent pas l’écouter. Ce sont les retrouvailles d’une famille un soir de Noël, après un temps long, très, très long...
Le président actuel de mon pays, Mujica, est un être particulier. Je suppose que tous les présidents le sont. Guérillero tupamaro, il a participé à la guérilla urbaine dans les années précédant la dictature, s’est confronté au gouvernement transitoire et aux militaires. Ces derniers, en coordination avec d’autres gouvernements et avec l’intervention active des Etats-Unis, ont organisé en Amérique Latine un réseau de dictatures afin d’entraver l’influence communiste sur le continent. La dictature en Uruguay a fait beaucoup de morts, d’assassinés, de torturés, de séquestrés et de disparus. Des lois d’amnistie ont protégé les responsables de ces crimes contre l’humanité.
Aujourd’hui encore, nos pays continuent de se déchirer autour de cette question. Les uns pour que l’on cesse de revenir toujours sur le passé et que l’on se consacre aux problèmes du présent et du futur, les autres invoquant l’importance de connaître le passé pour résoudre le présent et construire l’avenir. Quelques-uns, rares, revendiquent le droit inaliénable de connaître la vérité.
Ce n’est pas mon intention, et ce ne le sera pas, d’illustrer ce processus, ce passé, qui provoqua tant de souffrance et continue d’en provoquer aujourd’hui. A plusieurs reprises, il m’est arrivé d’entendre la réponse de l’actuel président Mujica lorsqu’on lui demandait comment ce problème pouvait être résolu. A chaque fois, ce qu’il disait me laissait sans voix.
J’ai commencé à penser à une pièce, EX. Pour cela, j’ai voulu trouver la phrase telle que l’avait dite Mujica et qui me donna l’élan final pour écrire : « Je l’ai dit, il faut que crèvent Bordaberry, moi, tous les acteurs pour que les choses retrouvent leur juste mesure. Il reste encore du temps, mais pas trop. » A partir de là, tout était clair pour moi.
Il ne suffit pas qu’ils meurent, il faut que crèvent tous les acteurs.
Gabriel Calderón
« Coups de théâtre et sauts dans le temps rythment cette mise en scène servie par l'intensité de comédiens déchaînés, comme mordus par la brûlure du réel. » El Pais
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