« Aujourd’hui je ne viens pas pour vous amuser. Je n’en ai ni l’envie, ni le goût, ni le désir. Je suis plutôt venu me battre. Me battre au corps à corps contre une masse tranquille, car ce n’est pas une conférence que je vais vous donner, c’est une lecture de poésies, de ces poésies qui sont ma chair, ma joie et ma peine, et j’ai besoin de me défendre contre cet énorme dragon que j’ai devant moi et qui peut m’engloutir dans les trois cents bâillements de ses trois cents tètes frustrées. »
Un poète à New York est une lecture de poèmes commentée que Lorca écrivit lors de son séjour à New York en 1929. Ce texte nous apporte les clés d'un épisode essentiel de la vie de Lorca, qui marque un tournant définitif dans sa production poétique et théâtrale. Il traverse alors une profonde crise personnelle et rapproche des mouvements d'avant-garde qui fleurissent à Paris à l`époque dont Dalí et Buñuel ne cessent de lui parler.
Les poèmes donnent corps au déchirement qui habite Lorca du fait de ses circonstances personnelles, mais également de la forte impression que provoque chez lui la découverte de ce nouveau monde « frénétique et sans racines ».
Un monde où cohabitent les riches blancs de Manhattan et les noirs de Harlem « qui représentent, n'en déplaise à certains, l'élément le plus spirituel et le plus délicat de ce monde ». C'est un portrait de la réalité historique et sociale du New York de 1929 où Harlem, qui abrite le théâtre de la renaissance de la culture afro-américaine cohabite avec la folie de Manhattan et de Wall Street.
Il est impossible d’ignorer le parallélisme avec notre temps où le délire des financiers semblent de nouveau s'imposer face à la nature et à l'humain. De ce texte jaillit le cri de Lorca, celui qui ramène à l'humain, celui qui appelle à l'éveil et à l'action.
80, Allée Darius Milhaud 75019 Paris