Une histoire de clés

Boulogne Billancourt (92)
du 23 au 24 mai 2013
1h10

Une histoire de clés

Une mère à jamais célibataire qui multiplie les enfants pour conjurer sa solitude et son besoin d’amour fou
Une mère à jamais célibataire qui multiplie les enfants pour conjurer sa solitude et son besoin d’amour fou, qui bien sûr les élève mal et se laisse déborder par eux, commet, un jour ordinaire, un simple jour de fatigue, une bêtise irréparable. « Juste » pour protéger son fils aîné.

La bêtise irréparable d'une mère
Note du metteur en scène
Note d'intention
Note de l'auteur
La presse

  • La bêtise irréparable d'une mère

Une mère de famille nombreuse éleve seule ses enfants. Aimante, attentive, mais débordée par le comportement de plus en plus incontrôlable de son fils aîné qui perd pied à l’occasion du conseil de discipline et qui porte un coup de couteau à un enseignant. La pièce s’intéresse à la face obscure du drame et fouille au cœur de l’humain, non pas pour contester une quelconque culpabilité, mais pour mettre en lumière ce qui constitue le véritable scandale de cette affaire : l’amour ne conjure aucunement le malheur.

« Un coup la vie est belle - Un coup elle est misérable - Un coup on a la vie devant soi on se sent éternel - Un coup l’horizon est Bouché bouché bouché. » Nathalie Akoun , auteur et interprète.

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  • Note du metteur en scène

Elle est enfermée on ne sait pas où
Elle dit qu’elle ne sait pas pourquoi, que ce n’est pas sa faute
Elle se hâte de raconter son histoire avant qu’on s’intéresse à autre chose
Elle aime tellement tous ses enfants. Trop ?
Elle a besoin de danser pour reprendre sa respiration
Ecoutez-la écoutez-la
Qu’est ce qu’elle est drôle !
Qu’est-ce qu’on l’aime !
Mais non elle fait trop peur
Elle adore les chansons d’amour
Ecoutez-la !
Personne ne lui a dit comment il fallait vivre.
Voila c’est fini
Déjà ?

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  • Note d'intention

Avec ce dernier texte, Nathalie Akoun continue l’exploration de la frontière étroite qui peut parfois séparer une existence simple et banale d’un destin tragique. Il faut être soucieux de préserver l’innocence du personnage afin que le spectateur s’interroge lui-même sur le degré de culpabilité de cette femme qui ne comprend pas que l’on puisse la juger.

Et puis il y a ici le souffle tragique…Celui qui donne au fait divers, à la banalité d’une histoire privée une résonance universelle… qui transforme une scène de conseil de discipline en déflagration tragique. La grande force du texte est qu’il agit comme un tourbillon.

L’absence de ponctuation dans l’écriture impose à l’actrice de le jouer presque en apnée. L’espace pris à respirer est un temps de pensée. Or les mots vont ici plus vite que la pensée. Ils sont un outil de prédation de la pensée. Le spectateur doit avoir toujours une longueur d’avance sur le personnage. Les seuls temps d’arrêt seront des moments chorégraphiés qui agiront comme des prises d’air nécessaires pour ne pas suffoquer.

On peut indéfiniment trouver des raisons objectives pour lesquelles cette pièce doit être montée aujourd’hui... Pour moi, la plus déterminante est son interprète. Cette actrice-là dans cette pièce-là est un hommage rendu à toutes les femmes qui « cherchent à s'en sortir ».

Olivier Cruveiller

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  • Note de l'auteur

« On dit d'un fleuve emportant tout sur son passage qu'il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l'enserrent. » Bertold Brecht

« Avec l'amour maternel, la vie vous fait une promesse qu'elle ne tient jamais. Vous êtes passé par la source et vous avez bu. Lorsque la soif vous reprend, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. » Romain Gary

La mère
La mère à elle seule un roman tant elle traverse sa vie avec courage et intelligence, intelligence instinctive et lumineuse, qui n'empêche pas un manque de recul sur son comportement « borderline ».

Le lecteur-spectateur est avec elle, témoin privilégié des coups qu'elle évite de justesse, ou prend de plein fouet ; il la regarde vivre, se démener, aimer ses enfants avec une générosité sans limite, au risque de faire preuve d'une mauvaise foi ahurissante. Le lecteur-spectateur aura toujours « une longueur d'avance » sur le personnage. Lui aura les éléments pour décoder, elle ne sait pas, ne se rend pas compte de l'énormité de ses actes et de ses propos ; d'où la notion d'innocence, à laquelle je tiens beaucoup. C'est cela qui rend le personnage drôle à divers moments et très émouvante tout le long.

Cette femme est comme un insecte qui se débat dans une gigantesque toile d'araignée ; elle passe son temps à « bricoler » son existence pour entrevoir un peu de ciel bleu. Tout ça avec Santé et un optimisme naïf. C'est à dessein que j'ai laissé des zones de flou autour de cette femme ; tout l'aspect social par exemple est volontairement laissé de côté. Je ne veux pas qu'on puisse la fixer dans la réalité, c'est en cela que c’est un personnage de Théâtre.

La pièce débute comme un fait divers... et bifurque vers autre chose. On voit cette femme se noyer dans la parole et parler de son amour fou pour ses enfants (amour que toutes les mères n'osent pas formuler à haute voix mais que toutes avouent en secret).

Cette femme a comme une boite noire dans la tête qui s'est figée à un moment de son enfance ; c'est un handicap (qu'elle verbalise très bien, non sans humour). C'est ce handicap qui est la cause de ses pulsions de nostalgie et surtout de violence. Enfant elle « retombait toujours sur ses pattes », mais devenue adulte, elle n 'a pas toujours les armes pour faire face aux obstacles, d'où sa violence latente et ingérable.

Sa violence est un sujet important. C'est une délinquante en puissance. Elle agit à chaque fois en toute impunité sans pouvoir éviter les dérapages.

Le fait divers
J'ai toujours été fascinée par les faits divers. L'histoire de l'humanité peut se voir à travers le prisme du fait divers (les sordides histoires de famille d'Oedipe, Antigone,...). Je me suis toujours demandée ce qu'il pouvait y avoir dans la tête de quelqu'un avant de commettre un acte grave. Je suis fascinée par l'idée que tout ce qu'il y a dans notre tête nous pousse, à un moment donné de notre vie à effectuer des actes sans que l'on sache toujours pourquoi.

Peut-être que tout au long de notre vie, nous nous construisons des multitudes de petits échafaudages, parfois solides, parfois plus fragile, pour expliquer nos actes. Peut-être que la différence entre deux personnes réside justement dans le degré de solidité de ces échafaudages.

La chorégraphie
Le personnage le dit : elle ne pourrait pas vivre sans écouter des chansons, elles accompagnent sa vie et peuvent la rendre heureuse. A divers moment du spectacle, elle dansera sur des chansons qu'elle aime ou sur sa phrase musicale. La danse est l'expression de l'irrationnel de cette femme et ne doit pas être amenée de façon psychologique.

Sa danse sera la répétition de gestes simples et quotidiens. A chaque fois qu'elle dansera, on verra qu'elle en éprouve une grand plaisir. Une fois qu'elle aura dansé, elle recommencera à parler comme s'il n'y avait pas eu d'interruption. Ces séquences dansées sont comme le « no man's land » de sa pensée.

De cette mère immature qui tente de composer avec la réalité de tous les jours, j'ai fait une pièce toute en lignes brisées, en ruptures, avec des retours en arrière, des sauts en avant, des ellipses, des répliques qui ne sont pas « correctes » (mais que toutes les mères se disent probablement en secret), de la danse. La lucidité de mon personnage est un véritable courant alternatif et c'est dans ce va et vient que se loge toute ma pièce.

Nathalie Akoun

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  • La presse

« La mise en scène d’Olivier Cruveiller est sobre, tenue. Sans rigidité excessive, mais dans une tension de pèse-nerfs, comme si on était dans la pensée même et le malheur de celle qui parle. Nathalie Akoun, beau timbre touchant, précision de la moindre inflexion, gestes harmonieux, gravité de tout l’être et légèreté d’enfant, donne à cette femme une présence bouleversante et énigmatique. » A.Héliot, Le Figaro

«Une jeune et jolie jeune femme vous bouleverse. Enfermée on ne sait où, cintrée dans son imperméable, excitée par son monologue ininterrompu, elle se parle, se justifie, se met en colère, menace la terre entière, et pleure. Elle aime ses enfants à la folie. Oui, à la folie. C’est une mère possessive et régressive. Pour mieux la protéger, elle voudrait avoir l’âge de sa progéniture, qu’elle élève seule. (…) Elle est à la fois effrayante et attendrissante. Raisonneuse et puérile. Démente et lucide. Désespérée et euphorique ; Humaine, trop humaine. C’est Nathalie Akoun. Comédienne chez Mesguich, Thamin, Sobel, mère de trois enfants, elle aussi, et son propre auteur. » J.Garcin, Le Nouvel Observateur

« (…) Bien sûr, Une histoire de clés évoque aussi, mais à sa manière, elliptique et sensible, le drame des banlieues, des familles monoparentales, des enfants laissés à eux-mêmes et d’une certaine Education nationale. Mais si le texte résonne si singulièrement avec l’actualité, s’il parle avec pudeur de nos vies déracinées, il bouleverse pour bien d’autres choses. (…) Ainsi cette Médée midinette, avec sa banale passion des chansons sentimentales, s’inscrit-elle magiquement dans nos mémoires. Telle une pythie, Nathalie Akoun a approché d’un grand et terrible secret. » F.Pascaud, Télérama

« Une histoire de clés, monologue intense de Nathalie Akoun. Sous des aspects de fait divers, Une histoire de clés est le portrait d’une anonyme contemporaine, pétrie de contradictions, qui jongle avec les éléments d’un quotidien sur le fil du rasoir : ludice de paumée, responsable et impulsive, fragile et forte. Ce qu’elle traduit à sa façon : « Ma vie est quand même plus difficile que dans les chansons ». (…) Nathalie Akoun (actrice chez Sobel, Tsaï, Jouanneau, elle a signé les Madones en 2000) mâitrise un sujet dans lequel plus d’un spectateur discernera une bonne part de vécu. A fortiori s’il s’agit d’une spectatrice. » Gilles Renault, Libération

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Théâtre de l'Ouest Parisien
1, place de Bernard Palissy 92100 Boulogne Billancourt
Spectacle terminé depuis le vendredi 24 mai 2013

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