Alexander Zeldin aborde un versant personnel et prend pour sujet cette épreuve inéluctable : la perte d’un être cher. Le sujet est douloureux. Mais il estime qu’il est de sa responsabilité d’artiste de nous aider à puiser une force nouvelle face au réel qu’on voudrait fuir ou se dissimuler.
Une intimité familiale explosive met aux prises trois générations : au centre, Marguerite (Marie Christine Barrault), une grand-mère pugnace, voire intraitable, entre sa fille débordée et deux adolescents imprévisibles. Nous la suivrons à la maison de retraite où elle finit par s’installer, bon gré mal gré. Le metteur en scène anglais a puisé dans son enfance pour raconter cette histoire intergénérationnelle dont la vieillesse est le détonateur – d’autant plus, ici, que chaque problème réactive douloureusement le décès du père, dont le fantôme plane.
Pour mettre sur scène la vie autour du grand âge, Alexander Zeldin mêle, comme à son habitude, acteurs professionnels et non professionnels. Les présences se conjuguent sur le plateau, profondément en relation, toutes différentes : les résidents de l’Ehpad, chacun s’affrontant à sa façon aux transformations de l’âge ; les irruptions houleuses de la famille de Marguerite, bien peu à l’aise dans cet univers ; et comme une basse continue, les allées et venues de deux soignantes, ici porteuses d’une forme de calme, comme médiatrices entre la vie qui subsiste et l’accompagnement vers la fin.
En partie installé sur les chaises de la salle commune, le public déborde sur la scène, rendant poreuse la frontière entre fiction et réalité. Le metteur en scène et son équipe d’acteurs partagent sans concession, mais souvent avec humour, ce voyage théâtral vers les états limites provoqués par l’expérience universelle de la faillite du corps et l’approche de la mort. En art, dit Alexander Zeldin, il faut faire des choses qu’on ne pourrait pas dire ou faire dans la vie. Parce que, ajoute-t-il, c’est important de ne pas avoir peur.
« Brillantissime spectacle dans lequel des étoiles éclatantes tournent autour du trou noir de la mort : Alexander Zeldin dirige des comédiens extraordinaires de vérité et d’émotion. Un chef-d’œuvre ! » Catherine Robert, La Terrasse
8, boulevard Berthier 75017 Paris
Entrée du public : angle de la rue André Suarès et du Bd Berthier.