Quelque chose comme une double improvisation de l’acteur et de la lumière. Pas non plus une performance, un moment bizarre de théâtre dont le seul décor, le seul personnage la seule action serait la phrase. Une « phrase », unique, ressassée, scandée de refrains obsessionnels… Son mouvement tente de régler le compte des désirs, des angoisses et des chagrins voués à la figure à la fois tutélaire et défigurée de la mère.
Du choc langagier naissent les néologismes les plus divers, les reproches les plus amers, les plus dôles surtout… Au fil de la phrase passent des scènes fugaces, des personnages vite perdus de vue, des dialogues ahuris, des méditations burlesques, le tout emporté dans une vitesse de catastrophe comique.
Portée par un débit rapide qui rend toute la dimension de flux, de flots, de pulsations internes, la phrase traverse et parcourt le corps. C’est une expérience littéralement physique. On s’attendait à faire fonctionner son cerveau droit et c’est à vos entrailles que l’on s’adresse. Pris dans le tourbillon jubilatoire de cette langue affranchie, dessalée, l’on rit. Franchement. Pas du tout du bout des lèvres. De bon cœur. Ah les conseils maternels ! Les consultations médicales ! Le même cœur se serre aussi parfois… Et l’on revient secoué, un peu assomé comme si l’on avait pris un train-fantôme. Car la langue de Christian Prigent est une mixture, un filtre, une potion de sorcier.
Par la compagnie Labyrinthes
« Hallucinant monologue de Christian Prigent, dit par Jean-Marc Bourg. Pour le comédien, donner rythme à cette logorrhée relève de la prouesse. » Pierre Daum, Libération
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