C’est à un voyage en Italie, et plutôt en Sicile que nous convient Jean-Yves Lazennec et ses compagnons de route, avec ces deux courtes pièces de Pirandello : La Fleur à la bouche et Cédrats de Sicile. Un moment riche en émotions, en douleur pudique et en déchirement intime. Ainsi, ces deux textes éveillent nos sens, diffusant les parfums de cette île ensoleillée, contrariés par les voyages en train et les dures réalités urbaines. Cet itinéraire nous renvoie aussi à nos propres géographies intimes, réelles ou imaginaires.
La Fleur à la bouche, ou l’improbable rencontre dans un bar de gare, entre un voyageur attardé et un mystérieux inconnu. Ce dialogue nous engage mine de rien, en empruntant les chemins du parler décalé, de la fantaisie, de l’imaginaire, de la généreuse et énigmatique quête de l’autre, vers une sombre révélation.
Une bonne entrée en matière avant de voir Cédrats de Sicile dont la chute est tout aussi douloureuse. Lorsque les destins d’une apprentie cantatrice et de son jeune bienfaiteur qui ne faisaient qu’un dans le village natal, au pays des cédrats, s’écartent et s’opposent plus tard pour d’impossibles retrouvailles, dans la grande ville, où la diva s’est établie désormais, cela donne un drame tendu, âpre, une tragédie des sentiments à l’italienne. Un texte pour rire et pour pleurer, qui ne serait rien sans l’immense humanité des comédiens et leur parfait art de la nuance.
Nouvelle traduction de Jean-Loup Rivière.
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