C’est l’histoire tendre et joyeuse du lien qui se tisse entre un grand-père et son petit-fils, un adolescent en colère. Le vieil homme, ayant perdu partiellement la mémoire suite à un AVC, doit suivre des séances avec une orthophoniste. Par bouffées la mémoire surgit, le ramenant à ses souvenirs d’enfance (le front populaire, la guerre et la résistance, la perte de la langue maternelle le yiddish…) Grâce à la présence de son petit fils, le grand père trouve petit à petit le chemin de sa reconstruction. C’est une mémoire prête à se déployer et à transmettre, c’est un coeur adolescent prêt à recevoir son histoire, ce sont deux générations qui se frottent…
La pièce est joyeusement éclairée par le regard vif et complice du jeune homme qui partage avec son grand-père son goût instinctif pour la vie. Entre mémoire et transmission, un spectacle qui réunit les générations.
Je pense mon écriture toujours comme de la parole. En écrivant pour le théâtre, je m'interroge sur cette étrange nécessité des humains à nommer les choses. Et je cherche l'endroit précisément où la parole manque, l'endroit de sa perte, l'impossibilité profonde à Dire… J'échange à ce propos et depuis longtemps avec une orthophoniste qui s’occupe de troubles de langage, post-‐opératoires, aphasie, dysphasie… Il y a trois ans, elle m'a montré une vidéo de travail où un homme se trouve empêtré dans son impossibilité à reproduire avec des cubes, une figure toute simple. " Un jeu d'enfant " , devenu soudain impossible pour cet homme. J'y ai tout de suite vu l'expression de notre fragilité devant l'existence. Et un point de départ pour un nouveau texte. Mes parents ont vécu la guerre dans leur enfance. Dans mon enfance, cette guerre, je l'évoquais avec mes grands-‐parents. J'ai l'impression qu'il est de notre devoir à nous de continuer à raconter aux jeunes cette période de l'histoire qui a directement touché leurs grands ou arrières grands-‐parents. Je voudrais être un passeur de Mémoire, un passeur de traces. Je voudrais que ma parole contienne cette mémoire bonne ou mauvaise, qu'elle laisse apparaître cette langue profonde qui va au-‐delà du sens premier et touche au coeur. Je sais que j'écris quand je suis traversé par la langue, quand je suis écrit par elle.
6, avenue Maurice Ravel 75012 Paris