Deuxième volet du triptyque la machine qui vient.
Un homme se tient, vivant, devant les spectateurs, il leur sourit, les regarde et se laisse regarder. Deux carrés roses derrière lui, écrans flous qui reflètent, qui diffusent d’autres présences. Un carré posé, tombé à terre. Il prend sa voix et se relaie lui-même, se laisse prendre ses paroles par deux autres, altérités intérieures féminines portées là, vivantes aussi, debout à côté, en dedans, en regard de lui.
Un homme dans sa chambre d’hôpital. Et des présences qui lui apparaissent, sorties de lui, du lavabo, de sous le placard, de sa Playstation : son docteur, sa sœur, son banquier, des fonctionnaires de l’ANPE, Martine Aubry, ses exs, Bill Clinton, d’anciens employeurs, sa mère, des milliers de petits Obélix...
Avec ses multiplicités de voix et de présences, portées par trois acteurs, kapital_ manifeste de l’avenir schizophrénique total. Une monstration absurde de nos solitudes accompagnées, télévisées, publicisées, politisées. Un monologue à trois voix, témoignage fictif, fou et halluciné d’une existence bafouée, piétinée par l’organisation du monde. Une mise en italique de l’humanité dans toute sa simplicité, dans toute sa fragilité. Du temps d’interférence de regards.
[…]
7, 6, 5, 4 ...
Les événement de la matinée repassaient à toute vitesse dans ma tête.
Midas / Bill Clinton / Mcdonald's / Lionel Jospin / Promodes / Marcel Guyonnet / Hélène / Ford / Microsoft / Continental / TPS
Vraiment, c'était à pleurer... D'ailleurs des taches de sang maculaient mes joues.
J'avais fourré le contrat de travail dans ma bouche et avais commencé à le mâcher.
Beurk, écœurant !
J'avais fermé les yeux.
Electre.
Avec toi où hurle le vent.
J'avais ouvert Penthouse.
Il y avait un article sur l'économie politique des affects, un autre sur l'esquisse d'une théorie matérialiste du virtuel.
J'avais tourné la page. On y parlait d'un revenu garanti pour tous.
J'en étais sûr.
3, 2, 1...
J'avais vomi le contrat de travail.
Electre.
D'un blanc immaculé.
Coupure publicitaire.
190, boulevard de Charonne 75020 Paris