Stig Dagerman est né le 5 octobre 1923 à Älvkarleby, sur les rives du fleuve Dalälven, à 150 kilomètres au nord de Stockholm. Son père, Helmer Jansson, mineur de tunnels et poseur de rails en Norvège, menait une existence nomade et ne pouvait prendre l’enfant avec lui. Sa mère, Helga Andersson, télégraphiste, était venue accoucher chez ses futurs beaux-parents. Six semaines plus tard, obligée de réintégrer son poste en ville, elle leur laissa l'enfant, pensant pouvoir le reprendre bientôt. Mais le mariage ne se fit pas et cet abandon temporaire devint définitif. L'absence de sa mère fut douloureuse pour Stig, il la ressentit comme une trahison. Il ne la rencontra qu'à l'âge de dix-neuf ans, c'est lui qui en prit l'initiative.
Cependant, il n’eut pas une enfance malheureuse. Ses grands-parents, petits propriétaires terriens, le choyèrent, l’entourèrent de toute leur tendresse. Dagerman grandit au milieu de gens âgés, à l'esprit religieux et austère, étrangers à tout luxe, amusements ou détente. Enfance décalée dans le temps, « comme si elle se déroulait trente ans plus tôt ».
En 1930, il entra à l’école primaire d'Älvkarleby, où il fut élève durant deux années. A l’âge de neuf ans, son père, qui venait de se marier, le fit venir à Stockholm dans son petit appartement d'une pièce. Stig dormait dans la cuisine. Il n’est pas impossible qu’il se soit plu à accentuer la distance qui le séparait de sa belle-mère, excellente femme, animée des meilleures intentions, mais sans doute trop préoccupée de ses responsabilités d'éducatrice.
La vie de la capitale lui parut à bien des égards étroite, mesquine et artificielle, comparée à celle qu'il venait de quitter. En ville, sa pauvreté relative devenait plus pesante : revêtu du costume d’un cousin plus âgé ou des vieux vêtements de son père, il lui fallait affronter les railleries de ses camarades de classe. Stig fut un élève brillant, mais silencieux et réservé, le lycée lui paraissait une prison. Les dernières an-nées, il vendit des journaux, durant les vacances, à bord des bateaux desservant l'archipel de Stockholm pour payer ses études et ses livres. Il passa le baccalauréat en 1942 et s'inscrivit la même année à l'université de Stockholm. Mais il n'y fit que de rares apparitions : pour lui les études livresques, qui ne l'avaient jamais beaucoup attiré, étaient terminées.
Stockholm toutefois ne manquait pas de charme. Les divertissements de Dagerman furent ceux de tout jeune garçon, étroitement logé, démuni d'argent et livré à lui-même dans une grande ville : le spectacle de la rue, les autos, le sport et les appareils à sous, et surtout le cinéma qui calmait un tempérament naturellement nerveux et inquiet.
En 1940, son grand-père fut assassiné par un fou qui lui reprochait de l'avoir ensorcelé. Quelques semaines plus tard, sa grand-mère décédait à son tour des suites du choc qu'elle venait d’éprouver. Le premier poème connu de Dagerman fut écrit en ces circonstances.
En 1941, Dagerman s'inscrivit au Cercle de la jeunesse syndicaliste de Stockholm où il milita activement. Collaborateur, puis rédacteur de la petite revue Storm (Tempête), il entra en 1943 comme collaborateur appointé au journal Arbetaren (le Travailleur), organe officiel du mouvement syndicaliste sué-dois. En août, il se mariait après avoir obtenu la dispense nécessaire : il n'avait que vingt ans.
La mariée n’en avait que dix-huit, mais elle avait de la vie une expérience infiniment plus lourde et amère que son mari. Annemarie Götze était la fille d'un couple de réfugiés allemands. Le père, Ferdinand Götze, anarcho-syndicaliste avait fui l'Allemagne à l'avènement de Hitler, puis l'Espagne après la victoire de Franco. La mère avait été emprisonnée en Allemagne et la grand-mère était encore à Ravensbrück. La hâte de Stig à épouser Annemarie était dictée par son désir de lui offrir la protection que constituait, au moins provisoirement, l'appartenance à une nation neutre.
Ce mariage, comme la fréquentation des milieux de réfugiés politiques et de rescapés de la guerre d'Espagne eurent une profonde influence sur Dagerman. Ils le renforcèrent dans ses options politiques et sociales et accrurent un sentiment de culpabilité commun à cette jeunesse suédoise qui avait passé des années sous les drapeaux de la neutralité.
Annemarie et Stig auront deux garçons.
En 1945, Dagerman dirige la page littéraire d'Arbetaren et collabore occasionnellement à celle d'Aftontidningen, grand journal du soir. Il publie son premier roman : Le serpent, accueilli avec enthousiasme par une critique unanime. Pendant les quatre années suivantes, il se livre à une activité fébrile, salué à chaque œuvre nouvelle comme le jeune génie de la littérature suédoise.
En 1946-1947, il devient un des co-rédacteurs de la revue 40-tal, autour de laquelle se regroupait toute la jeune génération d'auteurs (Ahlin, Lindegren, Vennberg…). En 1949, il publie un grand roman allégorique, L’île des condamnés. A l'automne 1947, il publie un livre de reportages sur l'Allemagne en ruine, Automne allemand, et un recueil de nouvelles, les jeux de la nuit. Le condamné à mort paraît en librairie en 1948 avec une deuxième pièce, L’ombre de Mart, sous le titre commun : Drames de condamnés. La même année paraît son troisième roman, L’enfant brûlé. La version dramatique de ce roman, Personne n'y échappe, paraît en 1949 avec une quatrième pièce, L’arriviste, sous le titre commun Drames de Judas.
Dagerman voyage beaucoup : Paris, Quiberon, l'Italie. Au printemps 1949, il embarque à Naples à destination de l'Australie, à bord d'un bateau de réfugiés. Le voyage a pour but « d'établir un contact aussi intime que possible avec les passagers, afin de trouver le cadre et l'intrigue d'un scénario en vue d'un film ». Retour en avion, avec escales aux îles Fidji et aux U.S.A. Parution de son quatrième roman Ennuis de noce.
Puis c'est le silence. Il fait de nombreux projets, mais une étrange paralysie semble l'étreindre chaque fois qu'il s'installe devant une feuille blanche.
En 1950, il rencontre la jeune actrice Anita Björk - connue du public français comme l'inoubliable interprète de Mademoiselle Julie de Strindberg dans le film d'Alf Sjöberg - alors très célèbre et très admirée en Suède. Ils s'éprennent violemment l'un de l'autre et divorcent, chacun de son côté, pour se marier. Leur ménage est heureux. Ils ont une fille.
La même année cependant Dagerman entre en observation pour quelque temps dans une clinique psychiatrique : les tentatives de suicide se succèdent, souvent si maladroites qu’on peut se demander si réellement il a eu l'intention de se donner la mort. La pensée du suicide lui est d'ailleurs familière : une première tentative de suicide se trouve déjà décrite dans l'Enfant brûlé, de 1948.
Ces tentatives réitérées finirent par aboutir. Le 4 novembre 1954, Dagerman s'enferme dans son garage, fait tourner le moteur de sa voiture et se laisse asphyxier. Il semble qu'il ait fait un dernier effort pour arrêter le moteur et sortir, mais il était trop tard.
Carl Gustav Bjurström
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