L’angoisse de l’homme moderne
Affronter le danger
Notes du metteur en scène
La compagnie La Vitrine
Extraits de presse
Dans L’Ombre de Mart, Dagerman explore la question du salut et rend compte de l’angoisse de l’homme moderne vaincu, abandonné par la raison, victime de lui-même, et fuyant sa propre histoire.
L’Ombre de Mart est une réflexion profonde sur la guerre et ses ambiguïtés, une variation sur le culte du héros mort.
L’Ombre de Mart, c’est aussi une tragédie où la femme est objet du désir et cause d’échec, tragédie surtout d’un jeune homme, éternel perdant, écrasé par l’ombre de son frère.
Le thème central de mon œuvre est l’angoisse de l’homme moderne face à une conception du monde qui s’écroule. Mais j’essaie aussi de penser à une solution et je crois qu’une des possibilités de salut consiste à ne pas se laisser vaincre par son angoisse, ni à fuir devant soi-même, mais à affronter le danger les yeux ouverts.
Connaissance, conscience et raison voilà les trois composantes idéales sur lesquelles peut s’édifier la vie moderne.
Stig Dagerman
On ne peut pas séparer la vie et l’œuvre de Stig Dagerman, immense écrivain suédois qui s'est suicidé à l'âge de trente et un ans en 1952. Dans sa pièce L'Ombre de Mart écrite en 1947, c'est tout d'abord d'une expérience intime dont il s'agit. Le héros Gabriel, mal aimé par sa mère qui préférait son autre fils mort à la guerre, tente de se construire et de surmonter sa blessure originelle. Tous les héros de Dagerman sont ainsi "brûlés" dès leur enfance, tout comme l'était leur auteur. Ils aiment désespérément sans jamais pouvoir trouver l'harmonie rédemptrice. C'est le cas de Gabriel qui aime sans être aimé en retour.
Dans le monde de Dagerman, il n'existe finalement que la culpabilité et la peur. C'est pourquoi pour continuer à vivre Gabriel est voué à commettre l'irréparable en tuant sa génitrice. Après cet acte effroyable, il se retrouve face à lui-même et ne peut que prononcer ces paroles : " Maman j'ai peur, je suis si seul maintenant. "
L’Ombre de Mart est tout d’abord la tragédie d’un jeune homme, éternel perdant, écrasé par l’ombre de son frère. Le monde littéraire de Stig Dagerman se décline souvent au masculin, les hommes sont les véritables dépositaires de ses idées, les véritables protagonistes de son théâtre intime. La femme est objet de désir et cause d’échec.
L’Ombre de Mart est aussi une réflexion profonde sur la guerre et ses ambiguïtés. L’héroïsme du fils mort à la guerre, Mart est sans cesse confronté à la lâcheté du fils vivant Gabriel qui lui, n’a pas fait la guerre. La pièce peut se lire comme une variation sur le culte du héros mort.
Dans un espace abstrait, nous ferons résonner les mots de Dagerman sans tomber dans le piège du réalisme et de la psychologie. Les mots deviendront la chair même des personnages, lieu d'un théâtre dédramatisé où le poème affleure. Nous voulons rendre compte en mettant en scène cette oeuvre de ce sentiment de l'intime chez Dagerman et de la fêlure qui traverse l'âme des personnages.
Nous nous attacherons également au rythme et à la musicalité de l’écriture en essayant d’être au plus près de la langue et de la complexité des motifs.
Jacques Osinski
La compagnie La Vitrine est créée en 1991 pour la création de l'Ile des Esclaves de Marivaux. Elle crée ensuite La foi, l'amour, l'espérance de Ödön Von Horvath présenté au centre Culturel La Clef à Paris, puis Mademoiselle Else d’Arthur Schnitzler représenté au Théâtre Victor Hugo à Bagneux.
La compagnie, ensuite, a travaillé sur un texte norvégien : La Faim de Knut Hamsun. La création a eu lieu au Festival d'Alès, et a obtenu le Prix du Public et de la Jeune Critique. Ce spectacle a été repris au Théâtre de la Cité Internationale, en tournée en région parisienne et en province.
C'est avec Sladek soldat de l'armée noire de Ödön von Horvath, que la compagnie La Vitrine reçoit l'Aide au Projet de la DRAC Ile de France. Le spectacle est créé au 8èmes Rencontres Internationales de Théâtre de Dijon en mai 1997, repris au Théâtre de Genevilliers en Janvier 1998 et aux Rencontres Charles Dullin en Février 1998.
En 1998 la Compagnie La Vitrine entre en commission, subventionnée par la DRAC Ile de France.
En février 2000 la compagnie crée Léonce et Léna de Georg Büchner à la Maison de la Culture d'Amiens qui produit le spectacle, puis en tournée.
En 2001 la Compagnie La Vitrine est conventionnée par la DRAC Ile de France - Ministère de la Culture.
" Le jeune metteur en scène Jacques Osinski s'est contenté d'une mise en scène efficace, lisible, sans effets ni pathos. C'est le meilleur choix.La pièce (…) atteint à ce qu’il y a de plus précieux et de plus rare pour un dramaturge : l'universel. " Hervé de Saint Hilaire, Le Figaro, mars 2004
" Superbe ! Mal à l’aise, Gabriel tient à bout de bras le portrait peint de son frère Simple, efficace, cette mise en scène trouve le ton juste. Un spectacle délicat, sombre et puissant. " Le Monde, Supplément Aden, 17-23 mars 2003
" Comment survivre au désamour ? Ils sont quatre vivants, interprétés par d'excellents acteurs, Véronique Alain, Vincent Berger, Grétel Delattre et David Migeot dans la mise en scène glacée et distanciée - à l'image du comportement maternel -, une vision poétiquement abstraite de Jacques Osinski qui déplace les espaces clos selon le principe du paravent. " Véronique Hotte, La Terrasse, mars 2004
La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.