Un cri d'agonie
Note d'intention
Note de mise en scène
La presse
Dans 4.48 Psychose, Sarah Kane rend visible une interdépendance entre un chaos intérieur et un chaos extérieur.
4.48 Psychose est un cri d’agonie. Lorsque tout se confond, vie éveillée et vie rêvée, lorsque les frontières s’effondrent et que la psychose est totale, il est incandescent d’être au monde, et cette incandescence est la lucidité à l’état brut.
Affronter ce texte c’est se plonger dans la maladie du monde, prendre sa fièvre et s’en contaminer, le réclamer en sachant d’avance qu’on va le perdre. C’est aussi incarner une Pythie des temps modernes, se faire le relais des vérités imprononçables.
En aucun cas il ne s’agit d’avoir un regard sur le désordre mental ou de rendre aux fous leur dignité ou leur humanité. Il ne s’agit pas non plus de reproduire la pathologie d’un usager des hôpitaux psychiatrique. Ce travail a déjà été fait ailleurs et dans d’autres circonstances. Il s’agit d’approcher quelqu’un qui est proclamée à la vie, au danger de vivre, à un point de vulnérabilité terminal, qui n’a jamais réussi à s’arranger avec nos simulacres habituels, le mensonge, le fantasme ou les illusions. De l’approcher jusqu’à l’aveuglement. « Une lumière crue » et la puissance de résistance qu’un corps peut développer. Les mots qui poussent le corps dans ses derniers retranchements.
Le corps retient la lumière aveuglante du texte, il allège le poids de la charge pour lui permettre d’être saisi entre deux respirations. Dans le même temps, il se fait l’écho des vibrations multiples auxquelles il est exposé. L’intensité monte progressivement. Il se tend. Se déchire par à-coups. Parce que retenir la charge est de l’ordre de l’impossibilité physique, c’est le monde qui vous transperce et vous ronge de tous les côtés ; le corps s’éteindra, apaisé.
« Nous nous reconnaissons en elle comme elle se reconnaît en nous. Nous voyons en elle nos propres dérèglements, nos propres déséquilibres. Et c’est de cette lucidité là dont il est question. » Telmo Herrera
La mise en scène va chercher au cœur des mouvements du corps l’écriture d’une énergie vitale. Si le texte de Sarah Kane est le lieu de la lucidité, le corps est le lieu de sa vulnérabilité, de son désespoir. A l’opposé du théâtre livre et de la création de Claude Régy, ici, le corps est en mouvement perpétuel, s’accrochant à la moindre forme qu’il peut prendre, « pour soulager la tension ». Tout ce qu’il touche, voit, entend, renifle, devient monde. L’amour devient son amour. La souffrance devient sa souffrance. La folie du monde devient sa folie. Jusqu’à l’insupportable.
Autour, les objets font corps. Une table, deux chaises, une grille, un rideau : ils prennent vie, se métamorphosent au contact du corps de la comédienne.
" Cinquième et ultime pièce de Sarah Kane, suicidée dans un hôpital psychiatrique à l’âge de 28 ans, 4.48 Psychose narre les dernières heures d’une femme qui a décidé de se donner la mort. Trois ans près la création aux Bouffes du Nord avec Isabelle Huppert, c’est au tour d’une jeune comédienne, Gwendale Rizat-Sibourd, de faire vivre la pièce dans la petite salle du théâtre de Nesle, sous la direction de Telmo Herrera. La mise en scène, sobre, traduit bien cette incapacité à être au monde qui caractérise la psychose. Robe et chevelure rouge bordeaux, le corps de la comédienne est tendu par la violence du texte qui l’habite. Entre tension et relâchement, son visage s’illumine parfois de ces sourires inquiétants qu’ont les êtres au bord du gouffre. " Julien Barret, Zurban
Merci Raymond pour ce conseil. Cette pièce m'a bouleversée. La comédienne incarne si bien cet état de la maladie, dans sa lucidité, dans ses errements. Et pour ceux qui ont perdu quelqu'un de proche par le suicide, c'est une véritable caisse de résonnance. J'ai été bouleversée.
Tout à fait d'accord avec toi Raymond, la comédienne m'a glacé les os et réchauffé l'âme !
Une mise en scène étonnante (même si parfois un peu mécanique) ; une comédienne qui m'a fait traverser des flux d'émotions aussi différents que la joie et la peur. Une pièce bouleversante sur la folie. A voir !
Merci Raymond pour ce conseil. Cette pièce m'a bouleversée. La comédienne incarne si bien cet état de la maladie, dans sa lucidité, dans ses errements. Et pour ceux qui ont perdu quelqu'un de proche par le suicide, c'est une véritable caisse de résonnance. J'ai été bouleversée.
Tout à fait d'accord avec toi Raymond, la comédienne m'a glacé les os et réchauffé l'âme !
Une mise en scène étonnante (même si parfois un peu mécanique) ; une comédienne qui m'a fait traverser des flux d'émotions aussi différents que la joie et la peur. Une pièce bouleversante sur la folie. A voir !
8, rue de Nesle 75006 Paris