La pièce démarre au bord d’une falaise. Devant la mer. Le père dans le pré, le fils arrive en tenue de chantier. C’est l’heure de la pose. Ils partagent un sandwich, parlent des abeilles, du prix d’un portable, du chômage du père, du métier du fils… avant… de se battre.
Le père d’origine immigrée est au chômage. La mère fait des ménages. Le fils grimpe aux éoliennes pour les réparer. La fille fête ses 15 ans. Elle attend son frère le jour de son anniversaire, il lui a promis ce portable cher dont elle rêve « le top du top »… il ne viendra pas ; il ne viendra plus.
Le frère a disparu depuis la bagarre avec son père ; que s’est-il vraiment passé sur cette falaise ? Le mystère s’épaissit, les rapports se tendent, les fractures apparaissent et divisent cette famille que tout devrait unir. L’éclatement des liens devient inévitable. L’attente du frère, du fils et le mystère de sa disparition hantent la pièce.
Par la Cie Aux Arts etc...
L’auteur parle, avec Abeilles, de la délicate question de la place de chacun à l’intérieur d’une famille, mais en plus, ou surtout, d’une famille d’origine étrangère, installée en France. Il confronte cette famille aux problèmes du chômage, du manque d’argent, du racisme ordinaire. Il ajoute de l’incompréhension due à l’intrusion de la technologie moderne qui produit des visions du monde radicalement différentes et il se demande si c’est seulement un conflit générationnel qui oppose encore aujourd’hui les enfants, les jeunes, à leurs parents.
Gilles Granouillet observe à la loupe comment le poids des non dit, des origines, de la honte, de la pauvreté, le poids du silence font éclater un drame. Les mots (les maux) échangés sont ceux de n’importe quelle famille. Et c’est avec des mots simples qu’Abeilles nous touche.
94, rue du faubourg du temple 75011 Paris