En allemand surtitré en français.
Est-ce que l’eau peut se souvenir de son état originel grâce à ses cristaux colorés, est-ce que les tapisseries assurent la stabilité des murs, est-ce que l’on dit « réfugiés » ou « migrants », est-ce qu’en se mariant on exclue forcément un certain nombre de gens, est-ce que les propriétaires de chiens tombent plus facilement enceintes, est-ce que dans une relation libre il y a forcément toujours un souffrant, est-ce-que c’est ringard de porter un bas de survêtement en soirée, où peut-on acheter de l’épeautre et de la lavande, un dîner sabbatique constitue-t-il un événement pour un athée, la soupe à la truffe est-elle goûteuse, l’arrière-goût de ce vin évoque-t-il la groseille à maquereau, la viande est-elle tendre, faut-il évoquer pour la énième fois cette scène traumatisante de cannibalisme, peut-on encore ou de nouveau dire « génial »… ?
Quelle que soit l’importance du sujet abordé lors du dîner chez Bettina et Matthias, on en débat pendant que dans la chambre d’enfants, leur petite fille Pia ainsi que sa soeur nouvelle-née Gertrud dorment paisiblement…
Sous couvert de lieux communs et de clichés récurrents échangés entre dignes représentants de la couche moyenne « éclairée », L’abîme est une pièce qui dresse le scénario de la pire des tragédies envisageables et laisse pénétrer la chimère de la peur dans la réalité. Il en résulte un état de choc, du papotage sans fin, du déni et l’espoir que tout ceci ne fut qu’un hypothétique exercice intellectuel.
Après Status Quo, L’abîme est la deuxième pièce de Maja Zade mise en scène à la Schaubühne.
Inconfortable, le spectacle l'est avec le choix étrange de contraindre le spectateur à porter des écouteurs immersifs dont le volume sonore n'est pas réglable... Le spectacle l'est surtout par son contenu : il commence chez les bobos berlinois comme une noce chez les petits-bourgeois avec les tics de langage et les jugements à l'emporte pièce mais ensuite, face au drame, il y a ce qui aurait pu se passer et ce qui se passe. Devant l'abîme, la fascination devient maladresse, lâcheté et cynisme. La sobriété du décor des différentes scénettes ne gêne pas, l'intervention de la caméra pour montrer le hors-champ n'est pas inutile. Spectacle qui joue de l'économie de moyens...
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Inconfortable, le spectacle l'est avec le choix étrange de contraindre le spectateur à porter des écouteurs immersifs dont le volume sonore n'est pas réglable... Le spectacle l'est surtout par son contenu : il commence chez les bobos berlinois comme une noce chez les petits-bourgeois avec les tics de langage et les jugements à l'emporte pièce mais ensuite, face au drame, il y a ce qui aurait pu se passer et ce qui se passe. Devant l'abîme, la fascination devient maladresse, lâcheté et cynisme. La sobriété du décor des différentes scénettes ne gêne pas, l'intervention de la caméra pour montrer le hors-champ n'est pas inutile. Spectacle qui joue de l'économie de moyens...
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