Adam et Ève est une pièce écrite en 1930 par Mikhaïl Boulgakov. C'est une comédie d'anticipation, où une attaque chimique détruit Moscou, et, présume-t-on, l'humanité tout entière. Un savant réussit, grâce à une invention, à sauver cinq personnes, dont Adam et Ève, couple marié le matin même. Ils se retrouvent tous dans la forêt et tentent d'inventer une vie nouvelle.
Interprétée habituellement comme une fable prophétique sur la faillite du monde soviétique, Adam et Ève est très bien accueillie en Occident. Censurée du vivant de Boulgakov, cette pièce contribue à alimenter l'image d'un auteur persécuté par la censure d'État et martyr du stalinisme. Boulgakov n'aurait cessé, dans son œuvre, de dénoncer ceux qui l'oppressaient. On aurait tort pourtant de s'arrêter à cette lecture, pour deux raisons.
La première concerne les rapports de Boulgakov à l'URSS, qui furent plus complexes qu'une simple opposition frontale. Fort d'une certaine notoriété dès les années 1920, Boulgakov ne cessa de recevoir des commandes des théâtres, dont Adam et Ève, même si toutes ne furent pas acceptées. D'autre part, la satire de la politique n'échappait pas aux autorités en place et, dans les premiers temps, il en allait même d'une stratégie du pouvoir que de la susciter. Adam et Ève s'inscrit dans un mouvement de critique du pouvoir impulsé par l'État lui-même. Enfin, si Boulgakov a ressenti dès la révolution d'Octobre un antibolchevisme profond, il s'est accommodé, bien mieux que d'autres, de cet appareil d'État.
La seconde raison est qu'Adam et Ève s'inscrit dans des traditions et des influences plus amples et plus ramifiées que celle d'une opposition plus ou moins masquée au pouvoir central. Trois éléments au moins y sont apparents : l'importance de la quête spirituelle de Boulgakov, à la lumière de laquelle il faut lire les thématiques bibliques et la question permanente du Mal ; la force d'une veine satirique très vivante en Russie dès le XVIIIème siècle, dont Boulgakov est un des plus brillants héritiers ; la science-fiction de la pièce, typique d'une époque scientiste, sûre du progrès, riche en découvertes et friande d'inventions scientifiques.
Traduction française de Macha Zonina et Jean-Pierre Thibaudat.
"La pièce de Boulgakov - finement retraduite par Macha Zonina et Jean-Pierre Thibaudat - nous surprend, nous accroche davantage dans le très magique espace scénique tout d'ombres et de lumières imaginé par le metteur en scène-scénographe Daniel Jeanneteau. Rêves et cauchemars semblent possibles sur ce plateau aux ambiances fantastiques ; burlesque et tragédie, mort et vie. Et des comédiens très singuliers, très étranges - d'Olivier Werner à Miloud Khetib, d'Axel Bogousslavski à Julie Denisse - portent au plus vif l'arrogant et insolent conte politique." Fabienne Pascaud, Télérama, 21 Mars 2007
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