Touchée depuis longtemps par la sensibilité artistique et spirituelle du peintre vénitien Giorgione, la compagnie Anagoor a choisi de lui dédier Tempesta, en hommage à la Tempête. Performance artistique sans dialogue autant que spectacle théâtral, l’œuvre de la compagnie a été réalisée dans le cadre d’une installation multimédia, mêlant différents langages (audio, vidéo, geste théâtral).
« Initialement, précise Anagoor, Tempèstas évoquait un moment de la journée. Puis elle a désigné une condition, un état atmosphérique, une tourmente, des turbulences accompagnées d'orages. Comme dans la Fregio (la frise) et autres tableaux de Giorgione, l'instant foudroyant est immortalisé dans la représentation naturelle de l'éclair, de l'atmosphère et de la lumière d'une Vénétie qui ne reviendra pas. Agité par le vent, saturé de lourds nuages menaçants, il est capturé par ce regard qui fige les saisons et les phases du cycle de la nature. Une nature qui offre un code, dont la clé est à chercher dans la sage tradition de l'Ancien Testament et dans les textes de l'Apocalypse, pour annoncer la fin des jours. C'est aussi bien l'Apocalypse (dans le sens de bataille finale et de révélation) universelle que celle qui frappe chaque individu, qui sent et souffre : le bref instant de la jeunesse, l'irréparable finitude. […] Comme chez Giorgione, l'antéchrist est l'un de nous, de même que c'est en nous que croît l'adversaire de notre bataille personnelle. »
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