Présentation
Extrait de
Anthropozoo, Séquence 4
Si une nouvelle forme de conscience émergeait au sein de l’humanité, à quoi ressemblerait-elle ?
En quoi différerait-elle de notre conscience subjective dont on peut penser que l’apparition coïncide avec la naissance de l’écriture et celle aussi des premières grandes armées ?
Les êtres dotés de cette nouvelle forme de conscience seraient-ils portés, comme cela a pu être le cas dans des époques précédentes, à vouloir dominer l’humanité et même à l’exterminer pour faire place nette, ou bien, au contraire, seraient-ils portés, non plus à vouloir dominer le monde, mais à l’habiter ?
L’action prend place dans un futur proche lors d’un de ces conflits soi-disant régionaux, mais déclarés au nom d’intérêts mondiaux, auxquels nous sommes désormais habitués.
Un commando anti-armée constitué de femmes est arrêté. Les femmes sont enfermées dans le dernier sous-sol d’un site stratégique appartenant à une entreprise militaire privée affiliée à l’armée « mondiale ». À leur arrivée, les femmes, victimes de radiations et d’empoisonnement par armes chimiques, sont soumises à une forte médication ainsi qu’à de nombreux tests.
Anna Adviso est la neurologue responsable de la santé des femmes dans le sous-sol. Boule de guerre, la gardienne de prison, est une héroïne de guerre. Lorsque l’action commence, les femmes vivent sous terre depuis quatre semaines et avalent des doses colossales de médicaments.
Gildas Milin
Haut de pageANNA : Oui. J’ai beaucoup changé. Oui. Je pense que j’ai pas mal changé. J’ai pas mal changé. Je ne veux pas baisser les bras. Je ne veux pas.
Elle souffle.
Elle bouge un peu.
Elle ferme les yeux.
Les victimes ne sont pas des victimes.
Parce qu’elles ne peuvent pas savoir qu’elles le sont. Parce qu’elles. Parce qu’elles n’ont aucun outil, tout simplement, pour pouvoir en prendre conscience. C’est tout ce que je peux dire de tout ça. On n’est conscient que de ce dont on peut être conscient. Le reste reste en dehors. C’est pour ça que. Ça n’a pas l’aspect de la brutalité. À mon avis. La façon dont je vois ça. Ça n’a pas d’aspect du tout. Sauf pour ceux qui mettent en œuvre cette « guerre des consciences ». Non, « guerre », non, ça ne va pas. Ça ne peut pas s’appeler une guerre. On ne peut pas appeler ça une guerre. C’est plus brutal que toutes les guerres connues, mais, ce n’est pas. Ça ne peut pas porter le nom de guerre. Plutôt : « Processus de pacification » ou quelque chose comme ça.
4, place du Général de Gaulle 59026 Lille