Frank Castorf revisite la tragédie de Racine et la confronte aux écrits d'Antonin Artaud et de Pascal. Une pièce intense portée par d'éblouissants comédiens (notamment Jeanne Balibar) qui bouscule les codes et son public. Un des rendez-vous du Festival d'Automne.
Dans ses adaptations magistrales de Dostoïevski, Boulgakov ou Céline, par exemple, Frank Castorf a défendu un théâtre de l’épreuve de la liberté, qui ne récuse ni les faiblesses, ni les lâchetés humaines, ni ses propres contradictions. En rapprochant Racine et Artaud, il révèle un point commun majeur des deux poètes français, qui n’est pas étranger à son propre théâtre opposé à la mièvrerie asservissante : la parole, l’ancre du théâtre, est le lieu crucial où se joue le coeur ardent de leurs oeuvres. Elle est l’arme avec laquelle les héros de Racine explosent le carcan de leur situation contrainte pour laisser libre cours à leurs désirs. Pour Artaud, c’est par la réinvention du langage qu’il peut s’extirper de ce que la naissance, la société et la langue lui ont imposé, pour renaître à lui-même, but ultime de sa vie et de son art incandescent.
Bajazet se joue dans le huis clos du sérail de Constantinople, alors que le Sultan est absent. Pour chaque personnage, favorite, prétendante, frère ou vizir, l’amour véritable contredit les ambitions politiques, et la passion librement vécue est synonyme de mort. La tragédie expose l’esprit faillible des hommes et l’impossibilité des sentiments purs. En adaptant Racine, Castorf enjambe les siècles, rejoint deux auteurs majeurs et réveille nos démons.
En considérant « Le Théâtre et la Peste » d’après Jean Racine et Antonin Artaud.
« Spectacle exigeant autant par sa longueur que par son contenu, ce « Bajazet » est une expérience théâtrale puissante à vivre absolument. Metteur en scène mythique, éminents auteurs, comédiens talentueux et investis, en font un mélange éclatant de maîtrise et d’inventivité. » Martine Fehlbaum, Inferno, 3 novembre 2019
« Libérés par des acteurs phénoménaux, dont Claire Sermonne et Jeanne Balibar, ce bruit et cette fureur désarçonnent les uns, électrisent les autres. » Le temps
« Et ce Bajaze-là, insaisissable, irritant, bizarre, est encore magnifié par le jeu hallucinant d'acteur à nu, dépouillant l'alexandrin racinien - ou la prose d'Artaud qui s'y mêle - de tout artifice. (...) Jeanne Balibar rayonne au milieu d'eux. (...) De mémoire de spectatrice, on n'avait jamais vu ça. » Fabienne Pascaud, Télérama TT, 27 novembre 20119
« C’est peu dire qu’il s’agit là d’une performance, et que le spectacle a visiblement été créé pour elle [Jeanne Balibar], et pour qu’elle puisse donner corps à ce théâtre passé au filtre des théories d’Antonin Artaud. » Fabienne Darge, Le Monde, 4 décembre 2019
Une mise en scène iconoclaste et intéressante qui fait la part belle à Arnaud. Mais trop ou du moins d’une façon trop littérale ! La folie, l’hystérie... sont donc conviées et rien ( hurlements, roulements d’yeux de corps, ... ) n’est épargné ni aux acteurs ni aux spectateurs. Si cela donne chair( une chair crue, souffrante) aux mots (maux) pour autant l’outrance nous tient en permanence à distance.
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Une mise en scène iconoclaste et intéressante qui fait la part belle à Arnaud. Mais trop ou du moins d’une façon trop littérale ! La folie, l’hystérie... sont donc conviées et rien ( hurlements, roulements d’yeux de corps, ... ) n’est épargné ni aux acteurs ni aux spectateurs. Si cela donne chair( une chair crue, souffrante) aux mots (maux) pour autant l’outrance nous tient en permanence à distance.
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