L’une est plutôt célibataire endurcie, l’autre capitaine bravache toujours prêt à en découdre… Béatrice et Bénédick n’ont pas grand chose à partager et pourtant, à la cour de Messine, on a décidé qu’ils s’aimeraient.
Comme souvent dans les comédies de Shakespeare, l’intrigue est fleurie de couleurs tendres et printanières mais, comme toujours chez Shakespeare, derrière le sourire le propos se révèle beaucoup plus âpre. Tomber amoureux, est-ce un écroulement ? C’est bien là toute la question qui traverse la cour du prince Don Pedro, le clan des hommes et celui des femmes. A ce petit jeu on avance à reculons, on se protège, on se méfie. Alors, le jeu amoureux ressemble à un match à mots découverts où chacun pousse l’autre à la faute (à l’amour !) en veillant à garder la distance nécessaire pour rester bien campé sur les deux pieds de la raison tout en esquivant les flèches de Cupidon !
Entre self-control et besoin de l’autre, entre don de soi et peur de se perdre, le conflit amoureux n’a pas pris une ride. La scénographie intemporelle choisie par Jean-Claude Berutti trouve la distance pour nous le faire comprendre. En vers ou en prose, dans la très belle traduction d’André Markowicz, Beaucoup de bruit pour rien, grande pièce baroque plongée dans une Sicile où on ne badine pas avec l’amour, l’honneur ou la virginité, emballe sa cour dans les ronciers du sentiment amoureux. Drôle mais piquant !
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