Résumé
La pièce originale
Intention de mise en scène
Beautiful Thing raconte l’histoire de Jamie et Ste, voisins et camarades de classe, qui grandissent dans le béton d’une banlieue londonienne.
Ils ont 16 ans et partagent un palier, où se jouent toutes les affres des journées longues et chaudes de cet été-là : la voisine, Leah, qui écoute à tue-tête la musique des Mamas and Papas, tout en se prenant pour la chanteuse obèse Mama Cass ; la mère de Jamie, Sandra, qui, entre deux entretiens d’embauche, épingle son fils pour avoir séché l’école parce qu’il n’aime pas le sport ; le père ivrogne de Ste, qu’on entend régulièrement frapper son fils ; Tony, le copain de Sandra, qui n’est jamais avare de sa philosophie de vie.
Jamie et Ste partagent également un secret qui risque de briser la paix fragile du palier. Les premières amours ne sont pas loin, mais pas forcément là où on les attend…
Jonathan Harvey, auteur anglais, originaire de Liverpool, écrit pour le théâtre et la télévision depuis 20 ans. Beautiful Thing a été écrite en 1993 et montée au Bush Theatre, puis au Donmar Warehouse, à Londres et au Duke of York’s dans le West End, et récompensée aussitôt. La pièce a été reprise dans plusieurs pays anglophones depuis, et portée au cinéma par Hettie MacDonald en 1996.
L’oeuvre de Jonathan Harvey est inédite en France… jusqu’à maintenant. Nous vous proposons notre adaptation de Beautiful Thing, approuvée par l’auteur lui-même, en respectant la poésie vitale, le rythme soutenu, les joutes verbales, et le romantisme de l’oeuvre originale.
L’histoire est ancrée dans le quotidien d’une banlieue de Londres au début des années quatre-vingt dix. Toute l’action se passe sur la coursive étriquée d’un immeuble en béton, où les personnages se livrent à des joutes verbales et parfois physiques, tel un match de boxe, avec des crochets, des feintes, des coups bas. Ce qui les relie est à la fois comique et choquant, cruel et inattendu. Dans la promiscuité de ce passage trop étroit, les personnages se heurtent ou s’esquivent mais ne peuvent pas s’ignorer. Ce huis clos parfois suffoquant n’est pas sans espoir puisque la coursive est ouverte sur le ciel d’un été qui s’étire.
La pièce s’ouvre sur un arc-en-ciel : un orage vient de passer. D’autres se préparent. Beautiful Thing est la suspension de ce moment magique: la rencontre amoureuse qui dure le temps que dure un arc-en-ciel, chose rare et éphémère qui éveille en chacun des émotions intimes et universelles. La pièce raconte l’amour juste au moment où il naît, avant que les galères de la vie ne viennent l’interrompre, avant les prochains orages…
L’agressivité crue des personnages est un masque qui cache mal l’affection qu’ils cherchent tous. La tendresse finira par gagner le duel, mais pas forcément là où on l’attend. Et tout au long de la pièce, comme un message d’amour subliminal, la musique des Mamas and Papas plane au-dessus de la morosité, nous invitant à « dream a little dream ». L’histoire se termine sous les étoiles… par une danse de l’amour que l’on voudrait sans fin, un moment de bonheur simple qui fait oublier un instant que toutes les bonnes choses sont éphémères.
La pièce traite d’un rite de passage – la déclaration du sentiment amoureux et du désir sexuel. Elle sera d’autant plus crédible que les comédiens n’auront eux-mêmes que récemment basculé de l’enfance à l’âge adulte. Il est donc important de choisir de jeunes acteurs pour jouer les rôles des trois adolescents, d’autant que le personnage de la mère est une jeune maman de 35 ans. Les premières scènes ne laisseront pas deviner trop tôt le thème central de la pièce et les relations d’abord teintées d’agressivité se transformeront progressivement en tendresse entre deux adolescents de 16 ans qui découvrent l’amour pour la première fois.
Le défi pour la mise en scène est d’équilibrer et marier deux couleurs opposées : le gris du béton, avec sa dureté et sa résistance et le rose du soleil couchant, avec son espoir d’un avenir meilleur transcendé par la tendresse et l’amour. Tous les personnages sont condamnés à vivre dans cette grisaille. Mais pour essayer d’en sortir, chacun s’accroche à son rêve.
L’auteur revendique le côté « pièce rose », pourtant ses personnages n’échappent pas à la tragédie humaine. Naviguant entre réalisme cru et conte de fées métropolitain, Beautiful Thing n’est ni un drame social, ni une caricature. Les nombreuses touches d'autodérision donnent leurs nuances et leur épaisseur aux personnages.
La tendresse, l’affection, la complicité, le désir sont les moteurs des relations humaines : Beautiful Thing, par son traitement dramatique, éveillera par surprise ces sentiments primordiaux en chaque spectateur.
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