Quinze comédiens issus du Centre National d’Art Dramatique de Paris racontent l’histoire du mur de Berlin. Avec un procédé scénique original, ils questionnent le sens et la valeur de cet héritage.
Rejouer l’histoire du mur de Berlin correspond au désir de questionner artistiquement cet héritage. Nés entre 1986 et 1990, c’est-à-dire au moment de sa chute, ces jeunes adultes d’aujourd’hui ont grandi dans un monde nouveau : suprématie américaine, déclin définitif du communisme en Europe, primat de l’individu, enjeux politiques et économiques à échelle mondiale.
C’est pour exprimer les appréhensions et les espoirs de leur époque que les acteurs du Birgit Ensemble cherchent à déceler les traces qui leur restent de ce 9 novembre 1989 : traces qui les déterminent et sur lesquelles, en même temps, ils n’ont pas de prise. De quoi exactement ont-ils hérité ce jour-là ?
D'après les textes de : Heiner Müller, Frederick Taylor, Ian Kershaw, Peter Handke, Wim Wenders, Richard Reitinger, F Henckel von Donnersmarck, John F Kennedy, William H. Gass...
« Ainsi va le spectacle : il joue sur la frustration, assumée, revendiquée même. Mais on l’oublie presque, parce que l’on est pris par la fougue d’un spectacle (...) une si belle énergie et un talent si joyeux » Brigitte Salino, Le Monde, 11 février 2015
« une pièce farceuse, farcesque, didactique, historique, abondante, très réussie, un peu ratée, pleine de sang neuf, de vivacité, de jeunesse, un rien roublarde. (...) Enlevé, mais parfois longuet, intelligemment frustrant (...) ; un peu potache (...) N'empêche : voilà une distrayante et tonique leçon d'Histoire » Jean-Luc Porquet, Le Canard enchaîné, 11 février 2015
« Il y a un plaisir rare à découvrir de jeunes artistes lorsque, d’emblée, tout semble au rendez-vous : la force et la beauté du propos, la qualité du jeu des acteurs associée à l’invention d’un dispositif scénique qui lui correspond intimement, l’écriture du spectacle, l’énergie qu’il dégage et les traces qu’il dépose dans nos mémoires dont on sait qu’elles vont continuer à travailler en nous, à nous faire rêver et penser. C’est exactement ce qu’on ressent avec Berliner Mauer : Vestiges, mis en scène par Julie Bertin et Jade Herbulot qui ont fondé le Birgit Ensemble à leur sortie du Conservatoire national d’art dramatique de Paris... » Les Inrocks, 3 février 2015
« Les scènes se succèdent, ici et là, magnifiquement interprétées par cette troupe de comédiens et de comédiennes tous excellents, l’histoire se déroule sous et hors de nos yeux mais toujours puissamment présente. » Le JSD, 3 février 2015
« vestige , n.m.
1. Empreinte que laisse sur le sol le pied de l’homme ou de l’animal. Synon. trace.
2. Trace laissée par quelqu'un ou par quelque chose. Au pluriel. Ce qui reste d’une chose disparue ou qui a été détruite. Restes plus ou moins reconnaissables de monuments, d’une activité humaine. Ce qui reste d’un groupe d’hommes, d’une société ».
« La mémoire est un travail, pas quelque chose qui se laisse contempler. » Heiner Müller
Nous voulions raconter une histoire.
Non pas l'Histoire écrite et consignée dans les livres, ni « l’histoire », la matière, enseignée dans les écoles, les universités. Il ne s’agit pas de quêter une « vérité historique ». Ce sont les symboles attachés à cet événement qui nous intéressent et, dès lors, leurs déformations et leurs transpositions possibles. Ce souhait est né du désir de créer un spectacle dans sa totalité et donc, de ne pas se soumettre à un style d’écriture en particulier. Nous voulions composer, à partir d’un matériau existant et non théâtral, une écriture unique qui n’appartiendrait qu’à ce spectacle. Ainsi, nous avons travaillé la distance qui nous sépare de cet événement à partir d’un matériau hybride : documents d’archive, discours, extraits de films, chansons, improvisations...
Cela pourrait donc s’appeler « autour du mur de Berlin » .
Nous avons imaginé trois mouvements, comme ceux d’une symphonie : union, désunion, réunion, qui correspondent aux trois grands moments de l’histoire du mur de Berlin. À chaque moment son dispositi f scénique propre : l’espace modulable dessine les fractures géographiques, politiques et économiques que nous voulons représenter.
Union : Le plateau est propre et nu. Deux gradins se font face. Les spectateurs n’apprennent que plus tard s’ils sont sur le territoire de l’Allemagne de l’Est ou de l’Ouest. L’espace de jeu se transforme progressivement en la ville de Berlin.
Désunion : Au dispositif bifrontal initial succèdent deux dispositifs frontaux scindés par un mur érigé sous les yeux du public. Devenus berlinois de l’Est ou de l’Ouest, les acteurs comme les spectateurs sont désormais séparés les uns des autres. Chaque public assiste à un spectacle différent tout en entendant celui qui lui reste invisible. Du son, un silence, parfois, des bribes d’images ou un acteur franchissent le mur. Rien de plus.
Réunion : Le mur tombe. Les spectateurs disposés de part et d’autre du plateau se retrouvent à nouveau face à face dans un espace bifrontal et, cette fois-ci, le sol portent les stigmates des événements : traces de sciure, empreintes de pas, débris.
Rejouer l'histoire du mur de Berlin correspond au désir d’interroger artistiquement son héritage. Nous sommes nés entre 1986 et 1990, c'est-à-dire au moment de sa chute. Nous avons alors hérité d’un nouveau monde : suprématie américaine, déclin définitif du communisme en Europe, primat de l’individu, enjeux politico-économiques à l’échelle mondiale.
Nous voulions réassembler et ressaisir ce dont nous sommes les héritiers. Nous voulions capter les impressions que nous conservons d’un événement dont nous n’avons pas mémoire. Déceler les traces qui nous restent de ce 9 novembre 1989 : traces qui nous déterminent et sur lesquelles, en même temps, nous n’avons pas de prise. De quoi avons-nous hérité ce jour-là ?
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