Bonjour l'Avis !

• Dans les profondeurs de l’âme

Entre clown et théâtre, entre satire et parabole, Bonjour l'Avis ! nous entraîne dans le délire de Prune, un ptit bout d'femme qui flirte avec la réalité mais pas plus. La réalité, ça fait trop peur ! Alors elle nous la montre à l'envers, avec sa logique qui détourne en rond.

Dans son monde, les grenouilles ne valent pas mieux que les tortues, et pourtant les carapaces, ça la connaît ! Coincée dans la sienne, elle voit des choses qui nous échappent sans qu'on s'en doute, et les doutes aussi ça la connaît ! Avec elle, on embarque sur des montagnes russes : on passe de l'angoisse à l'exaltation, de l'amertume à l'attachement, de la cruauté à la naiveté... Elle est décalée, et ça nous recale !

Par la compagnie Sang d'encre.

• Le personnage

Prune est une vieille fille avec plein de petites manies, que l’éducation stricte a enfermée dans des carcans. De fait, elle est complètement coincée, ce qui bien-entendu se traduit physiquement et dans sa façon de penser et de se comporter. Constamment dans l’angoisse et le doute, elle s’arrête sur des choses à côté desquelles tout le monde passe. Chaque geste nécessite une réflexion. Elle aimerait s’ouvrir à la vie, mais ne le peut à cause des murs dont elle est entourée. Et si elle arrive à se dégager de cet enfermement, elle continue néanmoins à tourner en rond dans sa tête. Même quand son raisonnement paraît logique, c’est une logique embrouillée. On se rend bien compte que si elle raisonne sainement, elle n’en devient pas pour autant saine d’esprit !

• Intention

Ayant originellement une formation théâtrale, j’ai tenu à m’exprimer ici à travers la parole et les mots. Aussi me suis-je attelée à l’écriture d’un texte, faisant le choix de créer tant un personnage que son histoire. Celle-ci émane de séances de recherche et d’improvisation, qui ont permis un rendu plus organique qu’intellectuel. De ce fait, dégagé d’une écriture assise et maîtrisée, il en ressort un travail plus libre et authentique, au sein duquel le corps, en tant que véritable vecteur des émotions, a toute son importance.

Pour la mise en scène, il était nécessaire d’établir un rapport visuel, afin d’alléger le texte, ce qui est rendu possible entre autres par une corporalité plus affirmée et la pleine utilisation de l’espace. Le maquillage à caractère clownesque s’est imposé comme une évidence. Souligner les traits tant physiques qu’émotionnels du personnage ne pouvait que lui donner davantage d’intensité et renforcer sa dimension.

Nécessaire pour le clown, la présence du public est prise en compte et intégrée au jeu, la frontière devient floue et la barrière entre l’espace scénique et l’espace des spectateurs s’efface peu à peu. Nous avons fait le choix d’une scénographie dépouillée, d’une part pour ne garder sur scène que ce qui est indispensable au jeu, d’autre part pour laisser libre-cours à l’imagination du spectateur en ne la conditionnant pas d’emblée à travers des éléments du décor. Le spectacle en est d'autant plus facilement transportable.

Linda Hecquet