Dans le cadre du Festival d'Automne à Paris.
Parfois à travers la brume c’est une autre qualité de lumière. C’est là, entre ombre et lumière, entre aveuglement et plus grande connaissance, que se situe l’esprit de cette créature ambigüe que Vesaas nomme Mattis dans son livre Les Oiseaux. Mattis et son mur de brouillard, c’est le centre du spectacle.
Si l’on admet qu’une surestimation de la raison, propre à notre temps et à nos régions, conduit finalement à un amenuisement de l’être, alors il faut chercher ailleurs, aux confins du non-conscient, une connaissance d’un autre ordre qui ouvrira notre conscience à une autre dimension de l’être. S’inventera, peut-être, une luminosité qui n’exclue pas l’ombre.
La littérature du nord est nourrie - nous sommes en Norvège - d’une mythologie ancienne où vie et mort, parole et mutisme, sagesse et folie, nuit et jour, ont des frontières très peu visibles. De ces terres sans repères la poésie seule peut faire entendre des échos. Tarjei Vesaas écrit une lumière inconnue, hésitante, pleine de soubresauts. Elle tire sa force de son origine : le noir. Elle irradie depuis le centre de sa pure naïveté. On prend conscience d’avoir été longtemps aveugle à ce qu’on croit deviner maintenant dans l’insécurité d’une vision tremblante.
Claude Régy (avril 2010)
Extrait de Les Oiseaux de Tarjei Vesaas, traduction du norvégien par Régis Boyer.
12, rue Léchevin 75011 Paris