Après Finir en beauté, spectacle autobiographique sur la mort de sa mère qu’il a présenté à Théâtre Ouvert en juin dernier, Mohamed El Khatib prépare une nouvelle pièce sur la question du deuil, toujours à partir de témoignages et matériaux réels. Théâtre Ouvert l’accueille en résidence pour l’exploration dramaturgique de ce texte en cours, porté par deux acteurs, Fanny Catel et Daniel Kenigsberg, qui ont l’un comme l’autre vécu la perte d’un enfant.
Dans la littérature dramatique, la tragédie de la perte d’un enfant est sans cesse rejouée. Véritable motif historique, on n’a pourtant jamais réussi à nommer les parents qui ont perdu un enfant. Ces orphelins à l’envers qui héritent de leurs enfants sont les oubliés de la sémantique. Seul l’hébreu et l’arabe ont tenté de réparer cette injustice avec le terme Shakoul (littéralement l’ourse à qui on a pris ses petits) et Takal (dont on a coupé les bourgeons).
Nous allons tenter avec cette recherche esthétique, portée par ces deux acteurs, de contribuer à combler le vide terminologique et poser un premier drapeau sur ce territoire abandonné par la langue.
Mohamed El Khatib
« il est remarquable, qu’avec un tel sujet, les sanglots n’étouffent pas, et qu’on observe, face au plus grand des malheurs, la même distance acharnée et prudente des deux acteurs, précis et concrets, mais qui prennent des gants, usent de l’humour, et la salle rit, comme après les réunions festives qui suivent les enterrements. (...) Pendant trois secondes, on peut imaginer que les acteurs jouent autre chose que leur vie. Ils la jouent donc, et Mohamed El Khatib poursuit avec ce «spectacle» ses interrogations qui n’ont rien de théorique sur la limite du théâtre. Et c’est parce qu’ils la jouent, et qu’il s’agit de leur propre rôle, que la représentation interdit l’obscénité, et renoue puissamment avec la catharsis. » Anne Diatkine, Libération, 2 novembre 2017
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