Aveu de faiblesse face au monde
Portrait d'une génération
La presse
Après le monologue d'une jeune femme, Res/Persona, celui d'un jeune homme sous le regard et les commentaires de deux fées malignes, Fées (accueilli en mars dernier au Théâtre de la Cité internationale), c'est un couple qui est l'objet d'étude de Cannibales, troisième volet de ce constat lucide sur une génération, la leur, que Ronan Chéneau et David Bobee ont entrepris en grande complicité au sein du groupe Rictus. Une aventure qui a commencé, il y a 5 ans, un théâtre laboratoire où s'analyse le désenchantement des enfants des années 70.
Partir de l'intime pour arriver à l'Histoire d'où ils viennent. Si Ronan Chéneau écrit au plus près du plateau « au cœur même de la machine théâtrale, avec le travail de la lumière et du son », dit-il, David Bobee, lui, bouscule la notion de genre, croise, mélange les éléments qui font un spectacle.
Pour Cannibales, il y avait d'abord l'idée d'une scénographie, ce grand loft blanc qu'habite un couple de jeunes gens amoureux, ordinaires, plutôt gâtés par la vie. Le spectacle commence par leur suicide par le feu et va nous faire remonter le temps, refaire le chemin qui mène à cet acte définitif. Enfance et adolescence banales avant ce constat d'impuissance face à la société marchande, contradictions, lieux communs, dénonciations et désir qu'il se passe enfin quelque chose.
C'est un théâtre en fragments. Scènes et performances des comédiens / danseurs et des acrobates composent ce paysage où les hommes sont sous la surveillance constante des caméras. L'énergie farouche, la fougue avec laquelle ces jeunes artistes fracassent les mots, bousculent l'espace, alliées à l'inventivité de la mise en scène démontrent avec éclat que leur génération est tout, sauf résignée.
David Bobee et Ronan Chéneau constatent et dénoncent mais ne donnent pas de leçons. Aux spectateurs de combler les vides, bouleversés qu'ils sont par cet aveu de faiblesse face au monde.
Dans Cannibales, il est question du passage où l’on oublie et abandonne la quête de soi et de son être pour une recherche de l’avoir. Se remplir pour compenser.
Cette création associe acrobates et comédiens à un texte de Ronan Chéneau. Il s'agit de provoquer la rencontre de différentes disciplines : texte, vidéo, cirque, arts visuels et nouvelles technologies comme pour les deux précédents volets du tryptique Fées et Res/Persona. Le travail d'écriture s'est fait sur le plateau en lien direct avec la mise en scène et les comédiens. Ce spectacle approfondit les thématiques chères à l'équipe de création : la place de l'individu au monde, la quête de son identité sociale et intime, le portrait d'une génération, d'une époque.
Il est ici question du parcours d'un couple, d'une histoire d'amour/manque évoquée selon le principe de fragmentation du texte, des scènes, des performances. Un montage aux ruptures de rythmes et de situations afin de créer, par accumulation, une histoire sans narration. Tout se construit à partir d'une scène initiale, celle du couple qui rentre chez lui, s'embrasse, se déshabille, s'enlace, s'arrose d'essence, se fout le feu. Un spectacle comme l'enquête de ce qui a pu les pousser là. La nécrologie d'un couple prétexte à un bilan subjectif politique et intime des trente dernières années.
Après Fées et sa salle de bain verte, Res/Persona et son salon bleu, Cannibales plongera le spectateur dans la chambre du couple à l'intérieur d'un appartement design et impersonnel, encadré de murs de vidéos et de lumières. Froid, transparent. Appartement témoin type Ikéa ou Habitat.
Une première étape de travail s'est faite au Centre Régional des Arts du Cirque à Cherbourg. Le processus de création, par chantiers successifs s'est poursuivi à la Foudre, Scène Nationale de Petit Quevilly/Mont St-Aignan, au CDN de Normandie et à l'Hippodrome, Scène Nationale de Douai où est créé le spectacle.
Par la Cie Rictus.
« [...] On retrouve l'écriture à fragmentation de Ronan Chéneau qui combine le trivial et le poétique, se jouant des clichés du langage pour mieux dire la déroute d'une vie sans idéaux. Mais cette fois, les corps prennent le pas sur les mots pour dessiner avec force une dramaturgie du plateau, lente et silencieuse, qui passe par la présence fascinante d'acrobates de cirque : doubles, ombres, ou anges gardiens des deux protagonistes. [...] » Maïa Bouteillet, Libération, 18 mars 2008
« [...] Sa forme est tonique, sulfureuse, fragmentée, physique enfin : à rebours de cette photographie - juste - d'une génération blasée... D'onirisme non plus, sorte de second souffle pour ses protagonistes, Cannibales n'est pas avare. Il en faut pour bâtir ce théâtre-là, politique. » Aude Brédy, L'Humanité, 17 mars 2008
FABULEUX! Que dire d'autre? Chercher à décrire la pièce? les critiques le font mieux que moi. Simplement un conseil d'un amateur: courrez-y!
Un pur moment de poésie mêlé à la désillusion. Musique, vidéo, airdancing... tout y est. Du grand spectacle à savourer entre trentenaires.
FABULEUX! Que dire d'autre? Chercher à décrire la pièce? les critiques le font mieux que moi. Simplement un conseil d'un amateur: courrez-y!
Un pur moment de poésie mêlé à la désillusion. Musique, vidéo, airdancing... tout y est. Du grand spectacle à savourer entre trentenaires.
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