"La Célébration d’un mariage improbable et illimité se déroule pendant la cinquième nuit de la disparition du monde qui met six jours et six nuits à disparaître afin de se régénérer. Cette nuit-là est nuit de noce et de carnaval car est tentée, au cours d’une fête mémorable, la fusion du principe féminin et du principe masculin, l’union des espèces, des langues et des cultures, chacun apportant son pain, son vin, son chou, son kif, son eau-de-vie et son fromage et mettant en commun ses attributs, ses contes et ses blagues. Deux tribus tentent l’union par la glaire cervicale et par le sperme, par le sang et par la peau, par la salive et les vocables surgis de la profondeur des ventres contenant les mêmes ferments. Cette nuit-là est tentée l’union du ciel et de la terre, du vide et du plein, de la matière et de l’inconsistance.
Mais toute fête réussie est une fête menée jusqu’aux pires excès, toute parole née du chaos retourne au chaos. Cependant, tout cheminement vers le chaos, c'est-à-dire vers le renouvellement, exige pour être bien mené une organisation précise, une gymnastique bien réglée des gestes et des paroles, beaucoup de clarté et de pureté dans l’outrance."
E. Savitzkaya
Dans une végétation "proliférante" de paroles, une syntaxe de cri, proche de la saturation vocale comme du silence. C’est la naissance d’un monde qui se modifie et se recompose perpétuellement devant nos yeux. Un monde qui se construit dans tous les sens simultanément. Sans début ni fin. Toutes les choses, tous les êtres, les passés et à venir, les vivants et les morts, les pierres, les animaux, les aiguilles, les lampes, les dieux et les hommes… entraînés dans un tourbillon perpétuel. Un monde constitué par chaque solitude, chacun avec et entre tous les autres.
La douceur et l’unisson, la vie, la note ténue qui s’aventurent dans l’inconnu sont constamment guettées par les turbulences, les stridences et les masses abruptes de la violence et de l’insolence qui tissent aussi de l’intérieur cette parole collective, ce tissu commun auquel chacun arrache des lambeaux. Le devenir du tout est impossible à prédire tant chacune des parties qui le composent sont peu sûres de pouvoir vivre jusqu’à la fin. C’est celui qui, de loin, écoutant et regardant à la lisière et libre de choisir, recompose, de là où il est, une harmonie et une cohérence là où tout n’est que combines de survie.
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