Claire appartient aux figures de la vocation poétique, associées dans l'œuvre de René Char au jaillissement de la rivière, à son caractère irrépressible. Nous dévoilant peu à peu l'arrière-pays du poète, la pièce est une invitation à suivre cette rivière qui nous est racontée et qui est faite de beaucoup de Claires. L'écriture de Char conduit abruptement vers cette possibilité d'échange intime et indicible qu'offre la représentation théâtrale.
"L'aube, chaque jour, nous éveille avec une question insignifiante qui sonne parfois comme une boutade lugubre. Ainsi ce matin : "Trouveras-tu aujourd'hui quelqu'un à qui parler, aux côtés de qui te rafraîchir ?" Le monde contemporain nous a déjà retiré le dialogue, la liberté et l'espérance, les jeux et le bonheur ; il s'apprête à descendre au centre même de notre vie pour éteindre le dernier foyer, celui de la Rencontre... Ici il va falloir triompher ou mourir, se faire casser la tête ou garder sa fierté.
Nous jouons contre l'hostilité contemporaine la carte de CLAIRE. Et si nous la perdons, nous jouerons encore la carte de CLAIRE. Nos atouts sont perpétuels, comme l'orage et comme le baiser, comme les fontaines et les blessures qu'on y lave. "
René Char, Bandeaux de Claire, 1949
Par la Cie Les endimanchés.
211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris