A sa mort en avril 1989, quelques mois après avoir mis le point final à Roberto Zucco, l'écrivain Bernard-Marie Koltès laissait derrière lui plusieurs projets de théâtre à l'état fragmentaire. Parmi eux, Coco, pièce mettant aux prises Coco Chanel (à laquelle le manuscrit est dédié) et sa domestique Consuelo, durant les derniers jours de la plus iconique des figures de la mode. Seules trois scènes nous en sont parvenues, qui laissent entrevoir un nouveau chef-d’œuvre théâtral que l'écrivain s'apprêtait à finaliser.
Entre la maîtresse au fort tempérament, prise d'une peur panique en sentant peu à peu ses forces l'abandonner, et sa domestique, tour à tour rudoyée, révoltée, humble ou triomphante, se noue un jeu sadomasochiste dont la langue brillante de Koltès tisse la trame. Au fil de la pièce, on oscille constamment entre rire et larme, la pitié et la cruauté, la comédie et la tragédie dans un contraste illustré par l'identité même des protagonistes.
Malgré la brièveté de la pièce, ces trois scènes créent un huis clos dans lequel les comédiennes s'affrontent et se consolent dans un sursaut dansant qui repousse la mort. A travers une mise en scène qui explore les paradoxes de la vieillesse allant vers la folie et de la jeunesse qui veut vivre, nous avons tenté de rendre la virtuosité de la langue de Koltès dans son aspect profondément humain.
80, Allée Darius Milhaud 75019 Paris