Comment te le dire ?

du 19 septembre au 19 octobre 2006
50 minutes

Comment te le dire ?

Un des derniers textes d'Armando Llamas. "Il y parle de l’homme aimé, de la rupture, des relations amoureuses, et également de l’écriture : le titre du texte porte toute la problématique de l’auteur à ce moment-là. A travers l’homosexuel, il nous parle de chacun d’entre nous, nous faisant tous victimes et complices à la fois des mêmes impostures d’images et d’identités."

Un texte inédit d'Armando Llamas
Le mot du metteur en scène
Notes artistiques
La presse

  • Un texte inédit d'Armando Llamas

Des fois Copain Soi-disant Hétéro qui était vierge baise pas. Aujourd’hui je baise pas. Dormir dans le même lit, oui, mais sans baiser. Tata souffre un peu. Tata aime bien souffrir un peu, ça le fait sentir vivant. Ou plus simplement Copain s’en va. Tata fait sa tête de panda baveux, il est comme un panda qui aurait une fuite au cul. Il est très malheureux. Copain s’en va, il dit qu’il va ailleurs avec une copine. Il dit ça. Tata Panda boude, fait des moues. Dit qu’il s’en fout. Le lendemain dit qu’il souffre beaucoup, il est très malheureux. Après il dit que non. Oui ou non? C’est pareil. Tata souffre, Tata aime souffrir. Elle aime être heureuse et souffrir. Souffrir un peu et être heureuse un peu.

Par la Compagnie Sambre, ainsi que dix jeunes adultes amateurs de Fosses (95).

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  • Le mot du metteur en scène

" Il s'agit à mon sens d'une des pièces les plus intimes d'Armando Llamas. C'est un des derniers textes qu'il ait écrit. Il y parle de l'homme aimé, de la rupture, des relations amoureuses, et également de l'écriture : le titre du texte porte toute la problématique de l'auteur à ce moment-là. A travers l'homosexuel, il nous parle de chacun d'entre nous, nous faisant tous victimes et complices à la fois des mêmes impostures d'images et d'identités.

La pièce se passe dans un café. Des couples de personnages s'y croisent, des bouts de dialogues se mêlent, jusqu'à ce que les personnages se tournent vers l'auteur, assis à une table, et le prennent à parti. J'ai choisi un autre traitement scénique que celui de ce lieu unique, afin de donner au texte tout son relief et d'éviter toute parole didactique. J'ai choisi de filmer la première partie, avant la prise de parole de l'auteur, et d'éclater l'action à travers différents lieux de la ville. J'ai choisi également de forcer encore l'imagerie attendue (donc forcément fausse) de l'homosexuel, de cette "Tata François" que nous offre l'auteur, au début, afin de rendre encore plus forte l'identification de chacun au fur et à mesure du récit.

J'ai souhaité, dans la première partie (filmée), m'appuyer sur les paysages urbains de Fosses et du quartier de la Goutte d'Or, ville ou quartier hybrides dont la diversité n'en finit pas de surprendre ; modelés au fil de ces dernières années par couches successives et brutales, témoins fragiles de l'histoire culturelle et sociale de Paris et de la banlieue parisienne. J'ai eu envie de réunir, pour ce film, en plus des comédiens professionnels, quelques compagnons de route de la Compagnie Sambre à Fosses, de ces rencontres qui nourrissent notre travail et nous bousculent sans cesse.

Ajoutons que la parole d'Armando Llamas n'aurait pu exister ainsi sans l'engagement de Guillaume Veyre, acteur ici seul en scène, qui a pris le risque intime et artistique de porter ce texte là où il devait résonner, sans concession. "

Carole Thibaut, février 2002

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  • Notes artistiques

Le texte
Comment te le dire ? est un texte profondément actuel, par le regard subversif qu'il porte sur notre société, le basculement des valeurs et des images qu'il opère au cours de la représentation et la forme qu'il propose, en adresse directe au public, à travers une parole résolument insolente et "politiquement incorrecte". Il s'agit d'un texte singulier qui n'avance pas linéairement dans la narration. Il possède une authenticité forte, proche du parler poétique. Il fait voler en éclats toutes formes de conventions, jusque dans les codes du langage, puisqu'il crée le mélange étonnant, parfois dérangeant, d'une langue brute, parfois familière ou "grossière", et d'une langue fine et truffée de références. Comment te le dire ? échappe ainsi, en se jouant d'eux, à tous les clichés, pour faire surgir avec dérision, tendresse et cruauté quelques vérités humaines qui nous bousculent.

Le propos
Comment te le dire ? évite le superflu "théâtral". Il propose une parole brute et parfois crue sur les hommes, la sexualité et le désir. La langue est utilisée comme un vecteur de dénonciation, d'assesseur de vérités, mais avec la distance de l'humour et de la forme poétique. La mise en scène épouse cette volonté textuelle, et s'attache à en conserver la sobriété, tout en la réinterprétant pour lui donner sa résonance et sa dimension scénique. L'interprétation oscille entre pathétique et tragicomédie et donne à voir un homme, seul et frère de tous les hommes en cette solitude, qui se bat avec ses armes, humaines, dérisoires, ridicules et magnifiques, pour déconstruire les mensonges de l'image et revendiquer qui il est.

Le public
Le public est pris à parti, directement ou indirectement, à travers la forme cabaret. On l'invite à regarder la télévision, on lui sert à boire, à manger et durant tout ce temps on ne cesse de l'entraîner sur de fausses pistes, de fausses vérités, images-clichés sur les homosexuels, l'amour, les relations de couples, la société de consommation, la société des images, qui explosent toutes au fur et à mesure. Il est littéralement malmené, dans le sens où la crédulité et la passivité du spectateur sont interrogées, remises en cause et constamment bousculées. Ainsi, le public fait partie intégrante du spectacle : il en est le troisième acteur, avec l'image animée (vidéo et télévision) et le comédien. Il est amené à construire petit à petit une relation de plus en plus intime et directe avec l'acteur-auteur-personnage.

Le travail de sensibilisation
En amont du spectacle, un travail concret avec les habitants d'une ville ou d'un quartier est mis en oeuvre par la Compagnie Sambre afin de réaliser la vidéo qui constitue la première partie de la pièce, autour des zones géographiques dans lesquelles se situent les lieux de représentation. La vidéo réalisée à Fosses en février 2006, issue d'une réflexion menée avec un groupe de jeunes adultes sur leur ville ou leur "espace vécu", sert comme référent à cette action. Au Lavoir Moderne Parisien, ce travail sera mené en partenariat avec des associations de la Goutte d'Or, sous la forme d'un stage vidéo mis en place avant le début des représentations. Cette action, essentielle aux yeux de la Compagnie, permet d'inscrire le spectacle et son lieu de diffusion auprès d'un public local, et de mêler les codes de la représentation et de l'identification, du réel et de la fiction.

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La presse

"Dans le ghetto normalisé où le déviant est devenu petit-bourgeois, aspirant à l’anonymat marital et consumériste, Armando Llamas pose une bombe à fragmentation qui n’épargne ni le langage ni ses objets. (...) La force de la mise en scène de Carole Thibaut et du jeu de Guillaume Veyre est justement de parier sur l’excès pour mieux en aménager les revers. Affublé d’une perruque blonde et d’un fourreau blanc de mariée, le comédien prend possession de l’espace scénique comme une vamp endiablée au bord de la débine émétique. (...) Une tendresse paradoxale se fait jour, comme celle d’un humaniste qui aurait choisi de fustiger ses semblables pour mieux sauver l’espèce. Guillaume Veyre excelle dans le contraste, récupérant l’émotion aux marges de l’impudeur. Drôle et tonitruant, insolent et rageur, il achève sa diatribe sur la modernité et ses travers comme un luciférien rendu à la lumière. Une belle leçon bien assénée d’éthique intempestive et de théâtre jubilatoire." Catherine Robert, La Terrasse, octobre 2006

"Carole Thibaut, aiguë connaisseuse de l’univers de Armando Llamas, éclaire cette écriture subversive en s’appuyant sur une réalisation vidéo et sur le travail engagé du comédien Guillaume Veyre, pour créer un spectacle intense qui aère et tonifie les méninges." Guillermo Pisani, Theatreonline, 22 septembre 2006

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  • Bus : Doudeauville à 184 m, Pont Marcadet à 217 m, Château Rouge à 301 m, Labat à 390 m
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Lavoir Moderne Parisien
35, rue Léon 75018 Paris
Spectacle terminé depuis le jeudi 19 octobre 2006

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