Conversation devant la fontaine au jet d'eau

Paris 18e
du 9 janvier au 1 février 2003
1H15

Conversation devant la fontaine au jet d'eau

Entre non sens et autisme, entre cinéma muet, théâtre brechtien et pure absurdité, les trois drôles de filles de la Cie Chrytobule font rire des mots, de leur logique implacable, de leur littéralité brute de poésie et de ce bon vieux sens commun qui est la chose au monde la moins bien partagée. 

Résumé
Les personnages

Introduction

Choix du texte, de son découpage et de son montage

Les thèmes

La mise en scène

La presse

Munich. Entre deux guerres.
6 personnages rangés là comme des proies consentantes de l'absurdité sournoise du langage et du monde qu'il crée.
Des caisses en bois, une maisonnette en carton. Ca serait leur confort.
Interviendraient les petits dérangements de la vie, un train raté, un Leica commandé, un amoureux qui n'écrit jamais.
Et comme on aurait amené les petites bêtes, on verrait le petit chien faire sa grosse commission. Il y aurait le petit oiseau dans la cage et le poisson dans l'aquarium (ou peut être l'inverse).
Et puis beaucoup de fourmis aussi, mais elles marcheraient sans bruit.
Se mêleraient le bruit du tonnerre, des papiers de bonbons, d'une caisse enregistreuse…
Vers la fin, l'air tremblerait comme du fromage de tête, et il y aurait comme l'appréhension, le signe avant-coureur d'un désastre.
Resterait le bruit d'un projecteur qu'on braque sur un rideau aussi noir que l'année 1939… et le mot FIN. 

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Lotte. Elle a un léger sourire d’affection adressé à personne. Gracieuse. Pas même désenchantée, l’âme intacte. Elle balise Munich avec des petites chaises  de couleur, mange des bonbons et dit oui oui.

Kerstin. Son chagrin silencieux, ses folies, ses rêves, elle les danse au-dessus de ses valises. Elle sait bien que l’Italie existe et qu'elle doit être belle avec le grand Vatican qu’est toujours en éruption.

Evi. Elle arrose les géraniums de sa petite maisonnette. L’âme occupée à quoi ? Louer une très vieille mine profonde de mille mètres. C’est incongru. La  vie l’est aussi.

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L’auteur-interprète munichois Karl Valentin, de son vrai nom, Valentin Ludwig Fey, était un virtuose du cabaret. Ce fabriquant de cercueils, la plupart du temps au chômage, commença vers 1900 comme clown de music-hall dans de bruyantes brasseries munichoises. Il a été souvent décrit comme un grand bourgeois malin, « un sombre polichinelle qui, incorrigiblement, triture les problèmes stupides avec une mélancolique, apparente logique » (Feuchtwanger). Dans les tavernes à bière et dans les lieux de plaisir populaires « les gens ont le cœur qui s’épanouit quand ils le regardent, ce maigre avec son crâne piriforme, ses yeux tristes et ses mouvements compassés »(ibid.). Il a su devenir le spectre bouffon de la crise économique des années 30, et stigmatiser les vertus paresseuses de la petite bourgeoisie : petits employés mal rémunérés, artisans appauvris, tant dans ses scènes de cabaret que dans son œuvre cinématographique. Outre le fait de jouer dans les cabarets, il s’est également essayé au cinéma dès 1913, et s’est mis en scène dans une cinquantaine de films entre 1913 et 1941.
C’est dans le choc du divertissement, et dans son aspect menaçant que Karl Valentin retrouvait le plus Brecht. Ce dernier le considérait comme son maître et appréciait chez lui la distanciation avec laquelle il recréait la réalité.
Précurseur en cela d’autres auteurs plus connus : Tardieu, Ionesco, Beckett…Valentin s’amuse avec les mots, crée des univers riches en images foisonnantes et décalées, invente un langage et un art de la scène uniques.

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Les textes de Valentin nous ont plu de part leur questionnement sur le langage : dans quelle mesure son utilisation traduit-elle notre vision du monde et est-elle décisive dans notre façon de réagir vis-à-vis d’autrui ?
La valeur de Valentin tient au fait qu’il renonce à tout effet trop facile, à toute expression qui n’a pas sa raison d’être : en cela il est en opposition radicale avec les effets comiques que l’on tire habituellement des mots. Il remonte plutôt à la source du langage pour s’amuser à en décortiquer les expressions idiomatiques et souligner leur décalage possible d’avec la réalité. Cette contradiction entre l’utilisation d’un mot et la signification, qui, même dans les expressions courantes les plus innocentes, ne peuvent s’accorder, est ce qui l’a rendu fascinant à nos yeux. L’emploi d’un mot détruit souvent sa signification. 
L’humour repose parfois sur des situations dénuées de sens commun. On part d’une situation que l’on perçoit comme habituelle, mais qui est rendue extraordinaire par l’utilisation décalée, inattendue et irrationnelle de la langue par les personnages.

D’autre part il nous semble impossible d’évoquer le théâtre de K. Valentin sans parler de cabaret. Dans la construction même de ses textes, on peut en ressentir l’atmosphère : il s’agit de sketches courts dont l’écriture est rythmée et saccadée, et qui n’ont au départ aucun lien entre eux. 
Le cabaret est un endroit clos, coupé de la réalité, et les personnages de ces sketches nous apparaissent comme confinés dans leur univers ; Il nous a donc plu de donner vie, dans un lieu fermé, à des personnages dont l’esprit est lui-même dépourvu de tout horizon. Il nous est apparu que le cabaret en cela peut illustrer notre propos : le langage peut parfois être la cause d’un enfermement puisque son utilisation nécessite le respect de certaines règles et d’une certaine logique.

Tout en gardant l’atmosphère du cabaret, il nous est apparu important de ne pas conserver l’aspect décousu des textes. Afin d’établir un lien entre les scènes nous avons créé des personnages récurrents, auxquels nous avons attribué différents extraits de sketches, et qui sont envahit d’un malaise provoqué par les différences de langage et une forme d’incommunicabilité. Ils se sentent menacés dans leur identité, prêts à se laisser pervertir. Ainsi, les extraits évolueront pour ne former plus qu’une seule trame aux accents de plus en plus sombres et pesants. Ce qui nous a semblé captivant chez K.Valentin c’est la manière dont il a su décrire le malaise dans lequel se trouvaient ses contemporains et qui a conduit la société allemande de l’entre deux guerres au nazisme; le manque de communication et les différences de langage en étant les principales causes.

Nous avons sélectionné 13 textes issus de 3 des œuvres de K.Valntin ( La sortie au théâtre, Vol en piqué dans la salle, Le bastringue), ceux qui nous paraissaient être les plus révélateurs de cette évolution.
Ce montage nous a permis d’établir une progression, une transformation de la psychologie de chacun des personnages face à des obstacles identiques. Chacun des six personnages vit dans un univers marginal et limité. Ils se heurtent tous à l’intolérance et à l’incompréhension du monde extérieur mais ne réagissent pas de la même manière :

Katarina est un personnage agressif, qui ne supporte pas d’être incomprise, ne tolère pas la différence et va, tout au long de la pièce, chercher à tout prix à imposer sa vision du monde.

Lotte est quant à elle un personnage heureux qui vit dans son univers sans chercher à en sortir. Cependant elle ne va pas réussir à conserver sa vision, certainement par manque de volonté ou par faiblesse, et va se laisser annihiler par la société.

Kerstin ne craint pas les confrontations avec des univers différents. Elle est altruiste et généreuse ce qui va lui permettre d’accepter le décalage.

Mareike est un personnage pour qui la science et la logique sont de la plus haute importance. Sa vision du monde va cependant être remise en question, ce qui va la rendre agressive et même produire chez elle une forme de résistance.

Evi est isolée, elle ne comprend pas les règles mais elle est pleine de bonne volonté et va tenter de s’adapter. Elle n’y parviendra pas et se verra obligée de se cacher. Elle va finir par se laisser pervertir.

Babett est fermée et intolérante, inconsciente de l’existence d’autres points de vue, ne cherche pas à comprendre les différences, les interprète à sa manière et les juge. Elle va s’accrocher à ses principes et ses quelques tentatives d’approche du reste du monde vont rester vaines. 

Chacune des trois actrices jouera deux personnages.

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En créant ces personnages nous voulions conserver voire amplifier ce décalage qu’ils éprouvent par rapport au monde extérieur. Le problème d’incommunicabilité entre des univers différents est le thème principal de la pièce : chaque personnage vivant la plénitude de son monde intérieur a du mal à entrer en contact avec les autres. 

Aux différences de vision du monde et de logique s’ajoutent des différences de langages et d’expressions. Pour chacun des personnages se pose implicitement la question de l’acceptation ou du refus du monde extérieur. Certains ne trouvent refuge que dans un repli sur soi, une plus grande solitude. D’autres dans l’oppression et la manipulation ou à l’inverse dans la soumission perverse. 

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La mise en scène reflétera le passage d’une situation habituelle et anodine à un univers extraordinaire. Nous voudrions créer une atmosphère glissant au fur et à mesure vers le surréalisme. Nous nous inspirerons, d’une part du cinéma expressionniste allemand dans le traitement de ses décors, de ses costumes, de la lumière et du code de jeu afin de recréer cet univers fantastique. En effet ce qui nous a plu dans l’expressionnisme est la manière dont les formes sont cassées pour exprimer ce qu’il y a à l’intérieur. Nous en exploiterons son thème central : un monde dominé par l’inquiétude et par l’angoisse. 
D’autre part nous tacherons de nous servir du cinéma muet en gardant à l’esprit plus particulièrement l’œuvre de Méliès dans la création d’une ambiance fantaisiste et extravagante ou tout semble possible. A l’instar de ce grand faiseur d’illusion nous voudrions créer un univers capable de frapper l’imagination, de dérouter le « pédant rationnel ».

Nous voudrions nous inspirer du jeu des acteurs du cinéma expressionniste, style essentiellement élaboré par des acteurs formés par Max Reinhardt : le corps de l’acteur sera donc mis en jeu(déformé, obliqué, tordu, expressif à l’extrême) au lieu d’être donné comme déjà présent. Le jeu sera de plus en plus exagéré, accentuant le caractère décalé des personnages et leur appartenance à un monde irréel.
La mise en scène reposera également sur des effets visuels, ainsi nous préfèrerons une accumulation d’accessoires à des changements de décors, nous opterons pour des objets de fabrication maison dont les ficelles seront visibles restant ainsi fidèle au côté improvisé du cabaret. Afin de bien différencier les rôles, chaque personnage sera caractérisé par des accessoires propres qui évolueront tant par leur forme et taille que par leur couleur vers une ambiance inquiétante et menaçante. Le costume sera une base sur laquelle s’additionnent des accessoires pas trop spécifiques d’une époque, mais plutôt génériques.
Le plateau deviendra de plus en plus chargé, donnant une impression de trop, accentuant le côté chaotique de l’univers des personnages. 
La lumière jouera sur les contrastes, accentuant les ombres et les formes. L’univers créé sera riche en couleurs et s’inspirera ainsi des couleurs propre à celles utilisées par Méliès.
Le maquillage sera utilisé de façon à marquer les traits du visage et accentuer les expressions, notre référence étant le cinéma muet.

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" De l'imagination, de la spontanéité, de la fraîcheur, une recherche et des talents certains" Le dauphiné Libéré

" Quel talent que celui de ces trois jeunes filles dans ce florilège d'absurdités" La Provence

" Un trio plein de charme " Le dauphiné Libéré

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Informations pratiques

Tremplin Théâtre

39, rue des Trois Frères 75018 Paris

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  • Bus : Drevet à 78 m, Rochechouart - Martyrs à 320 m, Pigalle à 337 m
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Plan d’accès

Tremplin Théâtre
39, rue des Trois Frères 75018 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 1er février 2003

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