Conviction intime et projection privée

 
Conviction intime
Projection privée
Notes du metteur en scène

Conviction intime

Un homme est convoqué par son chef du personnel qu’on appelle maintenant le directeur des ressources humaines. Après avoir loué ses compétences, il le licencie. N’ayant pas le courage de l’avouer à sa femme qui revendique un meilleur statut social, il lui raconte qu’il a été augmenté puis promu. Pour ce faire, il doit « apprendre un langue étrangère, une langue taillée pour le succès ». La voisine de palier, témoin de cette transformation, devient d’une jalousie violente. La morale fluctue selon les cours en vigueur et la loi du marché annonce le nouvel ordre humain. Tout est clair, simple et limpide dans un monde régi par des règles conductrices dont le but est d’optimiser sans fin ses atouts professionnels.

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Projection privée

La télévision peut-elle devenir le seul mode de communication pour un couple qui ne se parle plus ? Lui a oublié son prénom, vient avec une aventure de passage. Elle souffre d’un « vide sentimental chronique » et les sitcoms l’ont sauvée du désespoir. La maîtresse va-t-elle devenir l’alliée de l’épouse par solidarité féminine ? Le poste de télévision, obscène révélateur, se substitue souvent aux mots qui ne parviennent plus.

La femme : Jean-Pierre, notre couple part à vau-l’eau.
L’homme : Justement il faut qu’on parle.
La femme : Dépêche-toi, la publicité touche à sa fin.
L’homme : Tu sais quoi ? Je crois que la télé tue notre couple.
La femme: Moi, je trouve qu’elle le rend supportable.

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Notes du metteur en scène

L’écriture de Rémi de Vos est noire car elle travaille dans l’ombre. Ce qu’elle fouille, c’est l’obscurité des consciences, ce lieu improbable où s’élaborent les délires privés et intimes auxquels fait explicitement référence le titre des pièces. Le spectacle affligeant qu’offre la secrète obscénité du quotidien ouvre cependant sur une énigme (car c’en est une) : en plongeant au cœur du malheur contemporain, ces pièces font rire. Pourtant, elles ne jouent nullement sur le registre de la dérision ou du cynisme : bien au contraire, les personnages y sont saisis dans toute leur sincérité, leur authenticité, et il est clair que la mise en scène se doit d’adopter la même position. On pourrait être tenté, pour mettre l’accent sur la dénonciation sociale, d’en faire une lecture allant dans le sens du tragique, mais c’est impossible, car tout se passe après la chute. Dès lors ne reste que le fil du rasoir…Alain Barsacq

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