« Les femmes sont-elles toutes volages ? » telle est la question que lance le sceptique Don Alfonso à deux jeunes officiers, Guglielmo et Ferrando. En maître de cérémonie, le vieux barbon leur propose de vivre une expérience nouvelle et excitante qui ne laissera certainement aucune trace. C’est ainsi que leurs fiancées, Dorabella et Fiordigili, se voient soumises à une épreuve de fidélité : les garçons leur font croire qu’ils doivent partir à la guerre avant de revenir déguisés en Albanais qui cherchent le réconfort.
Troisième et dernière collaboration de Mozart et Da Ponte, Così fan tutte est considérée aujourd’hui comme la plus aboutie bien que le XIXe siècle l’ai mise au rebut, décriant l’immoralité et l’incohérence du livret, arguments fallacieux pour les auditeurs modernes. L’histoire assez simple se révèle moins banale qu’à première vue. Partant d’un canevas exploité maintes fois sous la plume des plus grands dramaturges (Boccace dans son Decameron, l’Arioste dans l’Orlando furioso, Shakespaere dans Cymbeline…), Mozart et Da Ponte troublent les pistes. Si tout concourt à prouver que le thème de la fidélité féminine est l’enjeu du pari joué par les trois hommes, il n’est pas le sujet de l’opéra qui interroge plus profondément la nature de la relation amoureuse.
Cette interrogation permettra à Frédéric Roels d’explorer dans sa mise en scène la notion d’ennui dans un monde qui tourne en rond et où le jeu devient un moteur clef d’apprentissage. Elle stimulera aussi un autre débat présent dans l’œuvre, stylistique celui-là, qui voit Così fan tutte comme une œuvre de couronnement et de clôture du classicisme, incarné par une symétrie omniprésente en apparence mais mise à mal au fil de l’opéra.
Par l'orchestre de l’Opéra de Massy et le chœur en Scène.
1, place de France 91303 Massy Cedex