Printemps 1941. Un jeune hongrois, clandestinement débarqué dans le port neutre de Lisbonne, se mêle à la foule des réfugiés affluant de toute lEurope en quête dun visa pour lAmérique. Il vient de purger trois ans de prison dans son pays pour ses activités communistes et attend un visa pour lAngleterre où il espère combattre auprès des Forces Alliées.
Cest dans ce hors-champ de la guerre quil croise le visage dune jeune française et sy perd un amour fulgurant qui ébranle ce qui lui reste didéal après que les désillusions politiques lont conduit à quitter le Parti. Le voici donc, boxeur sonné, pris au piège de désirs violemment contraires, sous le regard inquiet et inquiétant dune psy, exilée elle aussi, qui semploie à réduire lengagement du jeune Slavek à des motifs de névrose.
Croisade sans croix est le troisième volet de la trilogie dArthur Koestler après Spartacus (1939) et Le Zéro et lInfini (1940). À sa critique virulente du marxisme en tant que " système clos de la pensée ", il ajoute ici celle du freudisme orthodoxe et du catholicisme.
À la fin, le jeune homme retrouve sa liberté, " cette nécessité puissante et mystérieuse émanant du noyau imprenable des êtres ".
Arlette Namiand
Décidément les événements politiques, guerres et révolutions de ce siècle, auront jeté sur les routes de lexil des millions de gens voués ainsi au déracinement, à lincertitude, au provisoire, à lébranlement identitaire. De ce brassage géant de réfugiés, exilés, migrants, je reconnais ce qui me constitue aujourdhui et constitue notre époque. Tout à la fois parce quils ont été, à un moment de leur histoire, victimes mais aussi farouchement " actants ", sinventant et inventant pour nous, souvent dans le manque et leffroi, des raisons, de lespoir.
Croisade sans croix est écrit sur ce terreau. Mais ce qui ma incité à le transposer au théâtre, cest quil travaille au corps. Le corps y est au centre, otage de la pensée, des sentiments, de la mémoire, des événements politiques. Cest cette tension que jai voulu représenter. Entre les idées-idéaux-idéologies, et le corps qui les agit-subit à un moment donné. Parce que chez Koestler, le combat et son refus, la fuite et son refus, loubli, la culpabilité, la trahison et leur refus, tout cela a du coffre, des nerfs, de la chair, de la sueur. Parce que Koestler les a lui-même éprouvés avec cette radicalité, cette puissance.
Jean-Paul Wenzel
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