Sur une table, des cubes blancs. Deux joueuses les manipulent. Elles les déplacent, les empilent, les agencent, construisent des tours, des escaliers, des façades. Elles font et défont un puzzle infini en trois dimensions dans lequel s’invite la projection vidéo. Alors, le cube devient une matérialisation du pixel. Au centre des portraits en mille morceaux, une pièce manque parfois !
Entre le plaisir de la maîtrise et l’étonnement devant l’imprévu, les deux êtres explorent les possibilités d’un dialogue sans parole. Dans ce spectacle multimédia, la technologie se fait quasiment invisible pour mieux servir une esthétique élémentaire et un esprit ludique, à l’image des poèmes haïkus. À partir d’un geste simple, empiler des cubes, le metteur en scène a poussé loin l’invention pour donner à voir un langage réjouissant, où l’on joue avec les images comme on joue avec les mots.
Ces tableaux parlent de notre relation à l’autre, de l’identité que nous renvoie le miroir. Le théâtre de Mathieu Enderlin adopte une forme essentielle, simple et intergénérationnelle. Le marionnettiste a imaginé un spectacle qui ne demande pas au spectateur « d’avoir vécu » pour apprécier ce qu’il voit. Un coup de maître pour sa première mise en scène personnelle.
73 rue Mouffetard 75005 Paris