Le rideau s'ouvre : Messieurs les Banquiers, son Altesse le président de la République française, Monsieur le Premier ministre, Monsieur le Gouverneur de la Banque centrale et le petit peuple des conseillers de la Cour. La pièce peut commencer : lessivés par la crise des désormais célèbres « subpraïmes » (sic), les Banquiers s'apprêtent à sonner à la porte de l'État pour lui demander de mettre la main au porte-monnaie… avant que le résultat de leurs acrobaties ne fasse exploser les dettes publiques et conduise à la rigueur pour tous ? Pour tous les autres qu’eux.
« La terrible et savoureuse comédie de la crise financière, un spectacle d'agit-prop ou d'intervention, intelligent, humoristique et efficace avec une belle voix de soprano (D. Lorthiois). » Télérama
« La pièce continue d'attirer les foules. Un portrait amer et drôlatique du système. La salle est conquise. » France Culture
« Spectacle extrêmement drôle, d'une ironie mordante et tout en alexandrins. » La Revue du Spectacle
« Quand la crise inspire le théâtre. » L'express
« Un spectacle d'une drôlerie formidable ! » Le Masque & la Plume sur France Inter
« Une farce truffée de chants ! La comédie retrouve ici une verve aristophanesque pour nous parler d'aujourd'hui : théâtre de lutte vivifiant et spirituel pour en rire après en avoir peut-être pleuré... » Les Trois coups
« Un bijou ! Vous allez adorer ce spectacle impitoyable. » Paris Match
« Une réflexion décalée et pleine d'humour irrévérencieux. » Théâtrorama
« C'est fort, drôle, édifiant et étourdissant, (...) Saluons cette performance théâtrale inédite et la virtuosité de ce scénario ahurissant mais terriblement réaliste ! » Le Pariscope
J'avais entendu Frédéric Lordon lors d'une série de trois émissions consacrées à la crise des subprimes, sur France-Inter, dans l'émission de Daniel Mermet. C'était limpide, passionnant. Il mettait, en trois heures, à la disposition des auditeurs, les clefs pour comprendre cette crise économique, la plus grave depuis celle de 1929. Il apportait, avec clarté, une nouvelle fois la preuve que l’antienne « on ne peut rien contre ce système mondialisé » était un formidable mensonge, fabriqué par une partie des élites dirigeantes, pour s'accaparer la richesse. Il mettait à nu ces mécanismes prétendument complexes pour permettre à chacun de s'approprier la connaissance, un petit bout de cette science économique afin d'être plus libre dans notre façon de penser le monde ; permettre, le cas échéant, d'agir, fort de ce savoir.
Quand j'ai appris, au détour d'un article, qu'il avait eu l'audace de se lancer dans l'écriture d'un texte sur la crise financière en alexandrins, je n'ai pas été très long à me procurer le texte et à savourer ces quatre actes.
Tout y était : les situations, les protagonistes, l'humour. En dix scènes, je retrouvais son talent de vulgarisateur hors pair : l'art de rendre les agences de notations, la dette souveraine et les mécanismes de crédit aussi simples que la recette du pot-au-feu où le génie, comme chacun ne le sait pas forcément, consiste à remplir une cocotte d'eau et à balancer tous les ingrédients dedans !
Côté cuisine justement, au moment de la lecture de ce texte, nous avions fait quelques sympathiques et solides « réunions » avec des amis, réunions dont le thème était la place de la société civile dans l'élection présidentielle à venir et la façon d'y participer concrètement.
La mise en lecture de D'un retournement l'autre m'a paru la réponse la plus évidente : réunir des comédiens très bons lecteurs souhaitant, par un acte militant, donner vie à ce texte. Une contribution pour diffuser la précieuse et nécessaire connaissance afin de permettre à d’autres de comprendre cette économie aux ordres de la finance mondiale, dont les actuels soubresauts ont des répercussions multiples sur l'existence des uns et des autres.
Avec D'un retournement l'autre je retrouve la sensation que j'avais eue à la lecture de Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute : une impression de profonde justesse dans la compréhension des mécanismes humains, la connaissance précise des causes pour permettre d'expliquer les effets. Dans un cas, la dissection d'une relation amicale qui nous porte à l'universel des rapports humains, dans l'autre le démontage de la machine économique qui dévoile le mensonge.
Et, de la même manière qu’il me semblait qu’une autre – Nathalie Sarraute – avait mis des mots sur une sensation qui m’était connue, j’ai retrouvé chez Frédéric Lordon des traits d’une précision jubilatoire contre ce libéralisme débridé qui m’ont « affecté ».
Et, cerise sur le pot-au-feu, dans Surréalisation de la crise – post-scriptum à la pièce – des morceaux de choix sur la crise financière, le théâtre, l’alexandrin… Le mieux est d’en faire partager la lecture…
Luc Clémentin
2 bis, Passage La Ruelle 75018 Paris