Ils viennent de toute l’Europe pour être au rendez-vous du match du siècle : la finale de la coupe d'Europe des champions qui va se jouer au stade du Heysel, ce 29 mai 1985 à Bruxelles. Leurs voix tour à tour s’élèvent. Ils évoquent les heures qui précèdent, quand chacun converge vers le lieu du sacrifice. A partir de 15 ans.
A partir de 15 ans.
Ils sont supporters de la Juve, de Saint Etienne, du Standard, de Liverpool. Jeff et Tonino poursuivent en France de vagues études. Geoff, en Angleterre, étouffe dans sa ville dévastée par la crise et la violence sociale du thatchérisme, tandis que ses deux frères aînés se sont arrangés avec leur misère morale. Tana et Francesco, en Italie, viennent de se marier. Gabriel et Virginie, dans la capitale belge, mènent une existence apparemment aisée.
Ils viennent de toute l’Europe pour être au rendez-vous du match du siècle. : la finale de la coupe d'Europe des champions qui va se jouer au stade du Heysel, ce 29 mai 1985 à Bruxelles, entre la Juventus de Turin et Liverpool. Leurs voix tour à tour s’élèvent, monologues intérieurs qui se croisent, s’éclairent et se complètent à la façon des différentes parties d’un chœur. Ils évoquent les heures qui précèdent, quand chacun, encore inscrit dans son histoire singulière, son roman familial, converge vers le lieu du sacrifice. Puis racontent la lente montée de la déflagration à l’intérieur du stade et ses échos au dehors. Enfin restituent l’état de la longue dévastation, de chaos mental, qui s’ensuivra pour tous.
Leurs mots, mais aussi leurs silences, leur respiration diront comment la joie et l’insouciance teintée d’enfance se métamorphosent soudain en barbarie pure, comment l’effet d’entraînement transforme l’individu ordinaire en brute incontrôlable. Ils diront aussi comment, face à la violence, naissent la peur et l’instinct de survie. Ils diront encore l’égarement des rescapés, le deuil inconcevable, la solidarité spontanée et irréfléchie et, du côté des bourreaux, la honte effarée ou le sentiment d’impunité.
Mauvignier n’est pas spécialiste de football, ni sociologue. Il ne défend aucune thèse, nomme à peine les footballeurs, ne raconte rien du déroulement de la partie. Le roman est découpé en trois temps : avant, pendant ces heures qui précèdent le match et le suivent, et quelques années après. La langue de Mauvignier est unique et puissante. Faite de ressassement, de mots qui reviennent, de subordonnées qui scandent, c’est une langue lyrique qui brasse les émotions. Sa musicalité est de celle des oratorios.
211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris