« La robe de chambre est une folie, quiconque se met en robe de chambre est aspiré vers le néant, c’est comme ça, la robe de chambre est mauvaise, et peu importe sa forme, son tissu, sa couleur, (…) Althusser a tué sa femme en robe de chambre, Hélène étant elle-même en robe de chambre, et ainsi de suite, à moins d’être Roger Moore dans Simon Templar, la robe de chambre conduit droit à la catastrophe. »
Ariel Chipman, d’après sa femme, a perdu la tête. Lui qui était un grand spécialiste de Spinoza « ne peut plus le saquer ». C’est ce que Nadine Chipman raconte à leur ami, Serge Othon Weil.
Chacun des quatre personnages, tour à tour, confesse certaines obsessions ou anecdotes à l’un des trois autres, qui se contente de l’écouter, sans lui répondre. Peu à peu, dans ces duos successifs, un paysage fragmentaire et drolatique se dessine où chacun se dévoile avec gravité mais aussi frivolité.
Yasmina Reza, à l’image du témoin muet auquel s’adresse chacun des personnages, donne à entendre les tiraillements de l’existence sans les juger, c’est l’une des qualités de ce texte vif et brillant.
Le texte est publié aux Editions Albin Michel.
« Frédéric Bélier-Garcia fait magnifiquement entendre cette partition savante. (...) Yasmina Reza prend un malin plaisir à s'incarner dans son écriture en se glissant avec jubilation dans le désespoir frivole du personnage.de Nadine Chipman tandis qu'André Marcon s'accorde avec génie à la soudaine crise de sénilité dont souffre Ariel, son mari. Jérôme Deschamps est tout bonnement inouï dans le rôle de Serge Othon Weil. (...) Christèle Tual s'avère la plus folle des quatre en psychiatre paranoïaque. » Patrick Sourd, 26 octobre 2018, Les Inrocks
« Après une première mise en scène en 2006, Frédéric Bélier-Garcia recrée cette brillante partition théâtrale, interprétée par un subtil quatuor de comédiens. Une suite de variations introspectives divergent et se répondent. Jubilatoire ! » Agnès Santi, La terrasse, 23 octobre 2018
« Or, qui dit lucidité dit humour, et ni la dérision ni l’autodérision ne font défaut à l’écrivaine. D’André Marcon, formidable en atrabilaire grincheux, à Yasmina Reza elle-même, fausse frivole et vraie angoissée, en passant par Christèle Tual, dont le numéro hystérique est un point d’orgue du spectacle, un grand éclat de rire traverse ce qu’a écrit l’auteure. » Joëlle Gayot, Le monde, 19 octobre 2018
« Auréolée d'une réputation internationale, l'auteur d'Art est l'une des plus grandes dramaturges contemporaines. » Igor Hansen-Love, 18 novembre 2017, L'Express
« Tandis que j’écrivais Dans la Luge d’Arthur Schopenhauer, au départ sans autre destination qu’une publication littéraire, l’idée m’est venue que ce texte aussi pouvait faire l’objet d’une création théâtrale. Je l’ai fait lire à Frédéric Bélier Garcia qui m’a fortement encouragée en ce ce sens.
En 2006, Lucien Attoun nous a ouvert les portes du Théâtre Ouvert. Frédéric m’a proposé d’interpréter Nadine Chipman et nous avons joué le texte dans la scénographie de Jacques Gabel, avec André Marcon, Maurice Bénichou et Christèle Tual. Le spectacle a suscité un grand enthousiasme. Pendant des années nous avons rêvé de le reprendre. Mais il fallait un espace, et pas n’importe lequel. Le dispositif bi-frontal, le podium long et étroit, la proximité acteurs/spectateurs étant liés à la magie de l’objet.
Ce fut une immense joie lorsque Frédéric Biessy m’a proposé de recréer La Luge à La Scala Paris et d’inaugurer pour ainsi dire la scène dessinée par Richard Peduzzi. Une combinaison qui nous oblige et rend la perspective d’autant plus excitante, d’autant que Jérôme Deschamps nous rejoint pour interpréter le personnage de Serge Othon Weil.
Par ailleurs, j’ai été très touchée lorsque l’équipe du théâtre m’a offert d’habiter le lieu pour quelques semaines, notamment en réunissant autour d'Hammerklavier les grands jeunes pianistes contemporains et les comédiennes qui à un titre ou un autre comptent dans ma vie. » Yasmina Reza
Ariel Chipman, amant éconduit des neiges éternelles de la joie spinoziste, déserté par ses maîtres (rattrapé par l’ordinaire du temps qui passe) dévale la pente rocailleuse de l’existence sur la luge peu amène d’Arthur Schopenhauer.
Dans le ressac de ce naufrage, un quatuor de personnages, (s’ils en sont) narrateur, épouse, ami, psychiatre, se hèlent, s’apostrophent, tentent de tirer des bords contradictoires dans cette orageuse traversée de la vie, regimbant contre notre « complaisance au malheur », en bataille contre tous les soins palliatifs de l’existence (conjugalité, morales compassionnelles, radicalités de convention...) essayant vaille que vaille de hisser les voiles de la frivolité dans ces caps houleux.
Yasmina Reza a écrit une « pièce » discontinue, intempestive, dispersée – comme une kermesse théâtrale ouverte à tous vents – d’une forme foncièrement inédite, écrite tout en nervosité allègre, plutôt qu’en conscience, donc, inconvenante, sans devoir de réserve, blessante. J’ai aimé ce texte, ce théâtre réjouissant de nos accablements, de nos acrimonies, de nos guerres de tranchées intimes...
Où, comment éplucher une orange, le céleste mariage de Renault-Nissan, manger des fraises à la fourchette ou à la cuillère, le port catastrophique de la robe de chambre, ... contiennent toutes nos batailles spéculatives, tous nos assauts pour se sentir toujours encore vivant. Partie d’échec anarchique face au grand complot de l’existence, une célébration de l’anecdotique, des détails du monde et de notre penchant pourtant farouche à la vie.
Frédéric Bélier-Garcia
Un beau texte qui illumine par l'art de l'écriture la noirceur des situations mises en scène. Les acteurs, dans un cadre sobre et évocateur abstrait des salons "bourgeois" sont au diapason du récit par la justesse de leur interprétation.
Pas moyen de reporter les places, bien dommage quand on a un décès dans la famille...Et qu'on aurait bien voulu voir le spectacle
C'est une série de monologues pas franchement drôles, disons-le carrément désespérés.
Magnifique texte, mais un peu plombant , j'en suis sortie sonnée !
Pour 29 Notes
Un beau texte qui illumine par l'art de l'écriture la noirceur des situations mises en scène. Les acteurs, dans un cadre sobre et évocateur abstrait des salons "bourgeois" sont au diapason du récit par la justesse de leur interprétation.
Pas moyen de reporter les places, bien dommage quand on a un décès dans la famille...Et qu'on aurait bien voulu voir le spectacle
C'est une série de monologues pas franchement drôles, disons-le carrément désespérés.
Magnifique texte, mais un peu plombant , j'en suis sortie sonnée !
Très bons acteurs..
Voilà ! Deux heures de débrief tellement le texte est riche, sur le couple, l’amour, une réflexion sur l’intellectualisation et sa dérive, sa coupure du corps et la dépression qui en résulte, évidemment tout cela servi par un texte magnifique, ciselé, vibrant, intelligent parce qu’il parle au cœur et à l’âme en même temps. Yasmina Reza la sublime nous relie, notre tête et le corps, en nous mettant en garde de ne jamais oublier l’animal qui est en nous. Les 4 acteurs sont remarquables, avec une mention particulière à Jérôme Deschamps l’éclaireur bonhomme qui sous son air bête nous rappelle qu’on ne voit bien qu’avec le cœur et l’espoir chevillé au corps. Un rejouissement jaillissant !
Texte brillant, mais spectacle un peu trop statique !
Texte brillant, très « près de l’os »... Acteurs magnifiques. Une excellente et intelligente soirée.
Beau texte; bons acteurs
Très beaux jeux d'acteurs. Texte plein d'intérêt.
La partiture du texte est excellente mais la mise en scène est un peu monotone - pas de respiration, pas le temps pour le spectateur de vivre son ressenti. Les interprètes font de leur mieux. On garde un plaisir intellectuel...l'émotion vient de surcroit, si on fait un effort...
Texte brillant et ciselé , réflexions sur la vie vue par le prisme de chacun des personnages qui tour à tour s'épanche . Tres bon moment et 4 excellents comédiens .
Ce texte est assez brillant, une sorte de mise à jour littéraire de ce qui se passe en nous, la petite voix qui en permanence juge notre prochain. Très bons acteurs !
Quatre excellents acteurs déclament chacun leur tour un monologue dont forme et fond se confondent sur la vacuité de la vie. J'aurais pu m'en passer.
Pas vraiment une pièce, plutôt un enchaînement de réflexions empreintes d' un scepticisme inébranlable Comme toujours, Yasmina Reza manie la langue française avec une maîtrise qui fait plaisir. Et la voilà aussi convaincante en actrice qu' en écrivain.
13, boulevard de Strasbourg 75010 Paris