Quand on a des dettes, on n’a pas le droit de manger de pizza.
Après les dramaturgies de l’entreprise et du chômage récemment abordées via les oeuvres de Michel Vinaver et de Falk Richter, c’est à la crise et à ses premières victimes, les naufragés du surendettement, que par la voix de Kathrin Röggla s’intéresse une nouvelle génération d’auteurs européens. Comme ils le firent pour Inventaires et La Mastication des morts, leurs deux dernières créations, Eva Vallejo et Bruno Soulier ont décidé de mettre en musique et en scène cet oratorio singulier qui se prête à la choralité tout en faisant humour et poésie d’un fléau économique de notre époque.
La face cachée – qui l’est de moins en moins désormais – de la consommation à outrance, c’est le surendettement. À haute dose, la consommation devient une drogue dure. Tant que le patient est solvable tout va bien. Au-delà, gare à la chute ! Kathrin Röggla a enquêté à Berlin, Vienne et Linz auprès de personnes endettées issues de différents milieux sociaux, ainsi qu’auprès de nombreux organismes bancaires et autres conseillers en rachat de crédit. Elle en a tiré un réquisitoire mordant, du répétitif à l’absurde, de la farce au drame. Entre l’ironie la plus cinglante et la poésie la plus sombre, elle questionne l’impact dans la vie de chacun d’un phénomène qui touche une société tout entière.
Eva Vallejo et Bruno Soulier s’emparent de cette écriture chorale pour construire une vibrante polyphonie de mots, de sons et de gestes. Ils restent par là fidèles à leur recherche d’un Théâtre-Oratorio se faisant l’écho – forme et fond confondus – de notre monde contemporain.
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