Le collectif Les Filles de Simone s’offre avec ce spectacle une tentative théâtrale, mixte et collective, pour secouer le cocotier du couple hétéronormé. Dans le sillage des réflexions féministes post-#metoo, elles mettent le couple « cul par-dessus tête » et observent comment tantôt s’y (re)joue, tantôt s’y effondre un traditionnel ordre social.
On voudrait s’aimer mieux. Mais comment faire quand on cumule les mandats : en couple hétérosexuel cohabitant et parental, le tout noyé dans les eaux troubles du patriarcat ? Les inénarrables Filles de Simone invitent un homme à disséquer ce petit système hétéronormé qui ne rime pas encore avec égalité. Entre scène de ménage, séquence romantique et tirade tragique, on joue nos rôles, comme dans la vie. Des rôles qu’on connaît déjà par coeur et qu’on aimerait réécrire. Le trio se livre à une plongée pop-analytique dans l’espace inouï de l’amour en ménage.
Si nos conceptions de l’amour ont été façonnées à coup de « l’homme rêve toute sa vie de foutre le camp » ou « la femme est un ennemi » et autres morceaux de ce genre, pourquoi donc continuer à vouloir « se mettre en couple » ? Ou, autrement dit, l’amour peut-il vraiment survivre au patriarcat ?
Passionnées par ce qui relie l’intime au politique, elles s’offrent (et nous offrent, par la même occasion) avec Derrière le hublot se cache parfois du linge une tentative théâtrale, mixte et collective, pour secouer le cocotier du couple hétéronormé. Qu’il s’agisse de la rencontre amoureuse, de la sexualité ou du quotidien domestique, elles font sortir de leurs boîtes les diables cachés dans les détails, les chaussettes qui traînent et la libido morne plaine, les émotions difficilement partagées et la mauvaise foi bien distribuée. Dans le sillage des réflexions féministes post-#metoo, elles mettent le couple « cul par-dessus tête » et observent comment aujourd’hui tantôt s’y (re)joue, tantôt s’y effondre un traditionnel ordre social.
D’audacieuses tentatives pour réinventer l’amour !
« La forme est ludique, le fond béton. Leur Marque de Fabrique » Sarah Gandillot, Caussette.
« Interprété par les impeccables André Antébi, Tiphaine Gentilleau et Chloé Olivères [remplacée par Capucine Lespinas], la pièce confirme le solide talent des Filles de Simone, qui savent éclairer à la loupe ce qui déraille, avec une délicieuse fantaisie et une précision redoutable » Agnès Santi, La Terrasse.
« Un spectacle politique, ce qui n'est pas antinomique avec l'humour. » théâtre(s).
« Décortiquer la vie conjugale pour s'aimer mieux, un vaste programme mené avec brio par Les Filles de Simone [...] » Fanny Imbert, sceneweb.
« C'est une réflexion nécessaire, grand public, souvent drôle et parfois crispante sur le couple hétérosexuel. » - Chloé Thibault, La Pause (Simone).
« Comme on aime cette création collective ! Par sa conception scénographique et textuelle, les images et les pensées ne cessent de nous surprendre et de nous ravir. [...]. Il y a de la variété dans les styles utilisés, un faux feydeau, une comédie musicale, une approche contemporaine, une plus comique, une plus dramatique. Il y a surtout une grande sincérité de justesse de jeu dans chaque intonation. Ce qui permet à la parole de nous atteindre. C'est brillant ! » Marie-Céline Nivière, L'Oeil d'Olivier.
« Encore une fois, les Filles de Simone auront réussi leur coup en proposant un spectacle inclusif et instructif tout autant que ludique et populaire ! Et on ressort de la salle en se demandant comment, à notre tour, prendre le temps de réinventer l'amour et le couple... » Un Fauteuil pour l'orchestre.
Pourquoi continue-t-on, encore majoritairement, à vouloir « se mettre en couple », à quel prix le fait-on ? Comment les injonctions liées à la masculinité et celles liées à la féminité pèsent-elles sur les relations hétérosexuelles, y créent incompréhensions et tiraillements ?
Avec un point de vue féministe assumé, à la jonction de l’intime et du politique, nous cherchons à comprendre ce que le patriarcat fait à l’amour et comment habiter ce terrain commun qu’est le couple hétérosexuel, où tantôt se (re)joue, tantôt s'effondre un traditionnel ordre social. Ce n’est ni la rencontre amoureuse, ni la rupture qui nous intéressent, c’est le milieu, les années à « faire couple » comme on peut, biberonné.e.s de représentations écrasantes et inégalitaires de l’amour.
Qu’il s’agisse du rapport à l’amour construit différemment dès l’enfance, de la séduction, de la sexualité, du quotidien domestique partagé, de la parentalité, nos conditionnements sociaux (genrés) nous placent, hommes et femmes, de fait et malgré nous, dans des camps différents. Il était donc impératif d’inviter un représentant de la gent masculine à regarder de façon lucide ce « système-couple » inégalitaire. André n’a pas toujours le beau rôle et Tiphaine et Chloé se confrontent à leurs soumissions volontaires, leurs contradictions ou leurs capitulations…
Nous avons partagé nos vécus intimes, masculins et féminins, sur le sujet et y avons ajouté - comme à notre habitude - un paysage littéraire sociologique, philosophique ou historique. Nous avons également puisé dans le réservoir de références populaires sur l’amour et le couple, de la chanson au cinéma en passant par le théâtre, qui ont fortement imprégné la construction de nos imaginaires amoureux.
La dramaturgie est un tissage où s’entremêlent le fil réaliste du trio en train de créer un spectacle et celui, fictionnel, de ce couple en thérapie, plutôt du côté de la logique de l'inconscient que d'une chronologie linéaire. La mise en scène d’un fantasme peut entrer en collision avec un texte théorique, tantôt un récit intime fait naître une image poétique incongrue, tantôt le récit d’une dispute devient une scène de tragédie.
Le couple au cœur du spectacle tente de se comprendre, de s’ajuster, de se réinventer en revisitant les « scènes de ménage », souvenirs, déceptions et quiproquo qui jalonnent leur quotidien à deux. Il le fait grâce aux modalités et références offertes par le théâtre mais aussi en s'appuyant sur le « protocole » brut de la thérapie de couple face public. Ces sortes de confessions, pourtant sincères, ne sont-elles pas déjà des monologues reconstruits pour le cadre thérapeutique, où chacun.e joue un rôle, rejoue des situations ? La scénographie floute les espaces, scène du théâtre et scène domestique, l’une polluant l’autre, la contaminant jusqu’au constat qu’elles sont interchangeables. Surgissant de la machine à laver ou de la salle de bain, les figures qui incarnent une pensée féministe font résonner le politique depuis le domestique, et inversement. Empruntant au vocabulaire de la BD, notre univers esthétique rejoint notre ton, décalé et éclairé, cocasse et engagé où l'humour et l’autodérision permettent l’impudeur sans choquer.
Le public est donc à la fois le thérapeute, le regard social omniprésent dans la question du couple et ses normes, mais aussi des spectateur.ice.s venu.e.s pour se reconnaître dans ce qui se joue au plateau.
Les Filles de Simone
106, rue Brancion 75015 Paris